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— Mes braves, dit Bussy à ces hommes qui s’étaient d’eux-mêmes mis en rang et se tenaient droits, voici le commandant sous lequel vous servirez. Vous avez la bonne fortune d’avoir pour chef un héros ; tâchez d’être dignes de lui.

— Vive le commandant ! s’écrièrent les nouveaux soldats en agitant leurs bonnets.

Paradis se frottait les mains :

— Passons dans le cabinet de toilette, dit-il, nous en sortirons magnifiques, comme des chenilles qui deviennent papillons.

La petite troupe défila, guidée par les deux grenadiers. Paradis les suivit. Mais, avant de sortir, il lança un clin d’œil et un sourire à Bussy.

— Ça va bien ! dit-il.

Le lendemain quand, vers trois heures de l’après-midi, Bussy retourna au palais, on le guida vers une aile qu’il ne connaissait pas encore et on l’introduisit dans un joli salon, au premier étage.

Tout était en harmonie dans cette pièce avec les tentures des murailles, de soie vert clair, à rayures plus foncées brochées de roses blanches ; les légères boiseries sculptées des fauteuils, larges et carrés, étaient peintes de ce même ton glauque ; les dessus de portes représentaient des scènes aquatiques et, sur la haute cheminée, la pendule, en porcelaine de Sèvres, montrait des nymphes dans des roseaux.

Des officiers, des employés entraient dans le salon. Dupleix parut bientôt.

— Eh bien, capitaine, dit-il en apercevant Bussy, avez-vous du nouveau ? Nos enrôlements ?