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Je sors d’entre les mains d’une mort plus avare
Que celle qui veillait au tombeau de Lazare ;
Elle garde son bien :
Elle lâche le corps mais elle retient l’âme ;
Elle rend le flambeau, mais elle éteint la flamme,
Et Christ n’y pourrait rien.

Je ne suis plus, hélas ! que l’ombre de moi-même,
Que la tombe vivante où gît tout ce que j’aime,
Et je me survis seul,
Je promène avec moi les dépouilles glacées
De mes illusions, charmantes trépassées
Dont je suis le linceul.

Je suis trop jeune encor, je veux aimer et vivre,
Ô mort… et je ne puis me résoudre à te suivre
Dans le sombre chemin ;
Je n’ai pas eu le temps de bâtir la colonne
Où la gloire viendra suspendre ma couronne ;
Ô mort, reviens demain !