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C’était un cavalier avec un grand panache,
De longs cheveux bouclés, une noire moustache
Et des éperons d’or ;
Il avait le manteau, la rapière et la fraise,
Ainsi qu’un raffiné du temps de Louis treize,
Et semblait jeune encor.

Mais en regardant bien, je vis que sa perruque
Sous ses faux cheveux bruns laissait près de sa nuque
Passer des cheveux blancs ;
Son front, pareil au front de la mer soucieuse,
Se ridait à longs plis ; sa joue était si creuse
Que l’on comptait ses dents.

Malgré le fard épais dont elle était plâtrée,
Comme un marbre couvert d’une gaze pourprée
Sa pâleur transperçait ;
À travers le carmin qui colorait sa lèvre,
Sous son rire d’emprunt on voyait que la fièvre
Chaque nuit le baisait.