Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Quoi ! tu n’as pas brisé tes fioles d’alchimiste,
Et tu penches toujours ton grand front chauve et triste
Sur quelque manuscrit !
Dans ton livre, aux lueurs de ce soleil mystique,
Quoi ! tu cherches encor le mot cabalistique
Qui fait venir l’Esprit.

Eh bien ! Scientia, ta maîtresse adorée
À tes chastes désirs s’est-elle enfin livrée ?
Ou, comme au premier jour,
N’en es-tu qu’à baiser sa robe ou sa pantoufle,
Ta poitrine asthmatique a-t-elle encor du souffle
Pour un soupir d’amour ?

Quel sable, quel corail a ramené ta sonde ?
As-tu touché le fond des sagesses du monde ?
En puisant à ton puits,
Nous as-tu dans ton seau fait monter toute nue
La blanche Vérité jusqu’ici méconnue ?
Arbre, où sont donc tes fruits ?