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Quoiqu’elle ait mis le pied dans tous les lits du monde
Sous sa blanche couronne elle reste inféconde
Depuis l’éternité.
L’ardent baiser s’éteint sur la lèvre fatale
Et personne n’a pu cueillir la rose pâle
De sa virginité.

C’est par elle qu’on pleure et qu’on se désespère :
C’est elle qui ravit au giron de la mère
Son doux et cher souci ;
C’est elle qui s’en va se coucher, la jalouse,
Entre les deux amants, et qui veut qu’on l’épouse
À son tour elle aussi.

Elle est amère et douce, elle est méchante et bonne ;
Sur chaque front illustre elle met la couronne
Sans peur ni passion.
Amère aux gens heureux et douce aux misérables,
C’est la seule qui donne aux grands inconsolables
Leur consolation.