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Hélas ! sur tous ces corps à la teinte nacrée,
La mort a déjà mis sa pâleur azurée ;
Ils n’ont de rose que le sang.
Leurs bras abandonnés trempent, les mains ouvertes,
Dans la vase du fleuve, entre les algues vertes,
Où l’eau les soulève en passant.

Le cheval de bataille à la croupe tigrée,
Secouant dans les cieux sa crinière effarée,
Les foule avec ses durs sabots.
Et le lâche vainqueur, dans sa rage brutale,
Sur leur ventre appuyant sa poudreuse sandale,
Tire à lui leurs derniers lambeaux.

Bientôt, du haut des monts, les vautours au col chauve,
Les corbeaux vernissés, les aigles à l’œil fauve,
L’orfraie au regard clandestin ;
Les loups se balançant sur leurs échines maigres,
Les renards, les chakals, accourront tout allègres,
Prendre leur part au grand festin ;