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Dieu semble les produire afin de se prouver ;
Il prend, pour les pétrir, une argile plus douce,
Et souvent passe un siècle à les parachever.

Il met, comme un sculpteur, l’empreinte de son pouce
Sur leurs fronts rayonnants de la gloire des cieux,
Et l’ardente auréole en gerbes d’or y pousse.

Ces hommes-là s’en vont, calmes et radieux,
Sans quitter un instant leur pose solennelle,
Avec l’œil immobile et le maintien des dieux.

Leur moindre fantaisie est une œuvre éternelle ;
Tout cède devant eux ; les sables inconstants,
Gardent leurs pas empreints, comme un airain fidèle.

Ne leur donnez qu’un jour ou donnez-leur cent ans,
L’orage ou le repos, la palette ou le glaive,
Ils mèneront à bout leurs destins éclatants.