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C’était un bruit charmant de verres de fourchettes,
Comme des becs d’oiseaux, picotant les assiettes ;
De sonores baisers et de propos joyeux.
L’enfant, pour être à l’aise, et régaler mes yeux,
Avait ouvert sa robe et sous la toile fine
On voyait les trésors de sa blanche poitrine ;
Comme les seins d’Isis, aux contours ronds et purs,
Ses beaux seins se dressaient, étincelants et durs.
Et, comme sur des fleurs des abeilles posées,
Sur leurs pointes tremblaient des lumières rosées ;
Un rayon de soleil, le premier du printemps,
Dorait, sur son col brun, de reflets éclatants ;
Quelques cheveux follets, et de mille paillettes
D’un verre de cristal allumant les facettes
Enchâssait un rubis dans la pourpre du vin.
Oh le charmant repas ! oh ! le rayon divin !
Avec un sentiment de joie et de bien-être
Je regardais l’enfant, le verre et la fenêtre ;
L’aubépine de mai me parfumait le cœur,
Et, comme la saison mon âme était en fleur ;
Je me sentais heureux et plein de folle ivresse,
De penser qu’en ce siècle envahi par la presse,
Dans ce Paris bruyant et sale à faire peur,
Sous le règne fumeux des bateaux à vapeur,