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Que leur font les passants, les pierres et les boues ;
Ils cherchent dans le jour le rêve de leurs nuits,
Et le feu du désir leur empourpre les joues.

Ils ne comprennent rien aux terrestres ennuis,
Et quand ils ont fini leur chapelle Sixtine,
Ils sortent rayonnants de leurs obscurs réduits.

Un auguste reflet de leur œuvre divine
S’attache à leur personne et leur dore le front,
Et le ciel qu’ils ont vu, dans leurs yeux se devine.

Les nuits suivront les jours et se succéderont,
Avant que leurs regards et leurs bras ne s’abaissent,
Et leurs pieds, de longtemps, ne se raffermiront.

Tous nos palais sous eux s’éteignent et s’affaissent ;
Leur âme, à la coupole, où leur œuvre reluit,
Revole, et ce ne sont que leurs corps qu’ils nous laissent.