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Ton beau front inondé de tes longs cheveux bruns,
Laisse voir, au travers de ta peau transparente,
Le rêve de ton âme et ta pensée errante,
Comme un globe d’albâtre éclairé par dedans !
Ton œil est un foyer dont les rayons ardents
Sous la cendre des cœurs ressuscitent les flammes ;
Ô la plus amoureuse entre toutes les femmes !
Les séraphins du ciel à peine ont dans le cœur,
Plus d’extase divine et de sainte langueur ;
Et tu pourrais couvrir de ton amour profonde,
Comme d’un manteau d’or la nudité du monde !
Toi seule sais aimer, comme il faut qu’il le soit,
Celui qui t’a marquée au front avec le doigt,
Celui dont tu baignais les pieds de myrrhe pure,
Et qui pour s’essuyer avait ta chevelure ;
Celui qui t’apparut au jardin, pâle encor
D’avoir dormi sa nuit dans le lit de la mort ;
Et, pour te consoler, voulut que la première
Tu le visses rempli de gloire et de lumière.

En faisant ce tableau, Raphaël inconnu,
N’est-ce pas ? ce penser comme à moi t’est venu,
Et que ta rêverie a sondé ce mystère,