Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que n’en traîne après lui le paon tout radieux ;
Ne les as-tu pas vus sur les fleurs et les mousses,
Glisser en se parlant avec des voix plus douces
Que les roucoulements des colombes de mai,
Que le premier aveu de celle que j’aimai ;
Et dans un pur baiser, symbole du mystère,
Unir la terre au ciel et le ciel à la terre.

Les échos sont muets, et le flot du Jourdain
Murmure sans répondre et passe avec dédain ;
Les morts de Josaphat, troublés dans leur silence,
Se tournent sur leur couche, et le vent frais balance
Au milieu des parfums dans les bras du palmier,
Le chant du rossignol et le nid du ramier.

Frère, mais voyez donc comme la Madeleine
Laisse sur son col blanc couler à flots d’ébène
Ses longs cheveux en pleurs, et comme ses beaux yeux,
Mélancoliquement, se tournent vers les cieux !
Qu’elle est belle ! Jamais, depuis Ève la blonde,
Une telle beauté n’apparut sur le monde ;
Son front est si charmant, son regard est si doux,
Que l’ange qui la garde, amoureux et jaloux,