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De la rampe, où le vent, par les trèfles arabes,
En se jouant, redit les dernières syllabes
De l’hosanna du séraphin ;
Voir s’agiter là-bas, parmi les brumes vagues,
Cette mer de maisons dont les toits sont les vagues ;
L’entendre murmurer sans fin ;

Que c’est grand ! que c’est beau ! les frêles cheminées,
De leurs turbans fumeux en tout temps couronnées,
Sur le ciel de safran tracent leurs profils noirs,
Et la lumière oblique, aux arêtes hardies,
Jetant de tous côtés de riches incendies
Dans la moire du fleuve enchâsse cent miroirs.

Comme en un bal joyeux, un sein de jeune fille,
Aux lueurs des flambeaux s’illumine et scintille
Sous les bijoux et les atours ;
Aux lueurs du couchant, l’eau s’allume, et la Seine
Berce plus de joyaux, certes, que jamais reine
N’en porte à son col les grands jours.