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Pour me refaire au grand et me rélargir l’âme,
Ton livre dans ma poche, aux tours de Notre-Dame ;
Je suis allé souvent, Victor,
À huit heures, l’été, quand le soleil se couche,
Et que son disque fauve, au bord des toits qu’il touche,
Flotte comme un gros ballon d’or.

Tout chatoie et reluit ; le peintre et le poëte
Trouvent là des couleurs pour charger leur palette,
Et des tableaux ardents à vous brûler les yeux ;
Ce ne sont que saphirs, cornalines, opales,
Tons à faire trouver Rubens et Titien pâles ;
Ithuriel répand son écrin dans les cieux.

Cathédrales de brume aux arches fantastiques ;
Montagnes de vapeurs, colonnades, portiques,
Par la glace de l’eau doublés,
La brise qui s’en joue et déchire leurs franges,
Imprime, en les roulant, mille formes étranges
Aux nuages échevelés.