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Nous avons des donjons, de vieilles cathédrales
Aussi haut que Saint-Pierre, élevant leurs spirales ;
Notre-Dame, tendant ses deux grands bras en croix,
Saint-Severin, dardant sa flèche entre les toits,
Et la Sainte-Chapelle aux minarets mauresques,
Et Saint-Jacques, hurlant sous ses monstres grotesques ;
Nous avons de grands bois et des oiseaux chanteurs,
Des fleurs embaumant l’air de divines senteurs,
Des ruisseaux babillards dans de belles prairies,
Où l’on peut suivre en paix ses chères rêveries ;
Nous avons, nous aussi, des fruits blonds comme miel,
Des archipels d’argent aux flots de notre ciel ;
Et, ce qui ne se trouve en aucun lieu du monde,
Ce qui vaut mieux que tout, ô belle vagabonde,
Le foyer domestique, ineffable en douceurs,
Avec la mère au coin et les petites sœurs,
Et le chat familier qui se joue et se roule,
Et pour hâter le temps, quand goutte à goutte il coule,
Quelques anciens amis causant de vers et d’art,
Qui viennent de bonne heure et ne s’en vont que tard. »