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« Ne la connais-tu pas la terre du poëte,
La terre du soleil où le citron mûrit,
Où l’orange aux tons d’or dans les feuilles sourit ;
C’est là, maître, c’est là qu’il faut mourir et vivre,
C’est là qu’il faut aller, c’est là qu’il faut me suivre,

» Restons, enfant, restons : ce beau ciel toujours bleu,
Cette terre sans ombre et ce soleil de feu,
Brûleraient ta peau blanche et ta chair diaphane.
La pâle violette au vent d’été se fane ;
Il lui faut la rosée et le gazon épais,
L’ombre de quelque saule, au bord d’un ruisseau frais.
C’est une fleur du nord, et telle est sa nature.
Fille du nord comme elle, ô frêle créature !
Que ferais-tu là-bas sur le sol étranger ?
Ah ! la patrie est belle et l’on perd à changer.
Crois-moi, garde ton rêve.

Crois-moi, garde ton rêve.» Italie ! Italie !
Si riche et si dorée ; oh ! comme ils t’ont salie !
Les pieds des nations ont battu tes chemins ;
Leur contact a limé tes vieux angles romains,