Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et puis l’âge est venu qui donne la science,
J’ai lu Werther, René son frère d’alliance ;
Ces livres, vrais poisons du cœur,
Qui déflorent la vie et nous dégoûtent d’elle,
Dont chaque mot vous porte une atteinte mortelle ;
Byron et son don Juan moqueur.

Ce fut un dur réveil, ayant vu que les songes
Dont je m’étais bercé n’étaient que des mensonges,
Les croyances, des hochets creux,
Je cherchai la gangrène au fond de tout et comme
Je la trouvai toujours, je pris en haine l’homme
Et je devins bien malheureux.

La pensée et la forme ont passé comme un rêve ;
Mais que fait donc le temps de ce qu’il nous enlève ?
Dans quel coin du chaos met-il
Ces aspects oubliés comme l’habit qu’on change,
Tous ces moi du même homme, et quel royaume étrange
Leur sert de patrie ou d’exil ?