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Hideusement verdi, sans rayon de lumière,
Sans flamme intérieure illuminant la bière
Ainsi que l’on en voit dans les Christs aux tombeaux.

Entre ses maigres bras, comme une tendre épouse,
La mort les tient serrés sur sa couche jalouse
Et ne lâcherait pas un seul de leurs lambeaux.

À peine, au dernier jour, lèveront-ils la tête
Quand les cieux trembleront au cri de la trompette
Et qu’un vent inconnu soufflera les flambeaux.

Après le jugement, l’ange en faisant sa ronde
Retrouvera leurs os sur les débris du monde ;
Car aucun de ceux-là ne doit ressusciter.

Le Christ lui-même irait comme il fit au Lazare
Leur dire : Levez-vous ! que le sépulcre avare
Ne s’entr’ouvrirait pas pour les laisser monter.