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De faire, du plus creux de son âme profonde,
Jaillir votre pensée ou votre passion,
D’être l’oiseau qui chante et la foudre qui gronde ;
D’unir heureusement le rêve à l’action,
D’aimer et d’être aimé, de gagner quand on joue,
Et de donner un trône à son ambition ;
D’arrêter, quand on veut, la fortune et sa roue,
Et de sentir, la nuit, quelque baiser royal
Se suspendre en tremblant aux fleurs de votre joue.
Ceux-là sont peu nombreux dans notre âge fatal ;
Polycrate aujourd’hui pourrait garder sa bague :
Nul bonheur insolent n’ose appeler le mal.
L’eau s’avance et nous gagne, et pas à pas la vague,
Montant les escaliers qui mènent à nos tours,
Mêle aux chants du festin son chant confus et vague.