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Le sable des chemins ne garde pas ta trace,
L’écho ne redit pas ta chanson, et le mur
Ne veut pas se charger de ton ombre qui passe.

Pour y graver un nom ton airain est bien dur ;
Ô Corinthe ! et souvent froide et blanche Carrare,
Le ciseau ne mord pas sur ton marbre si pur.

Il faut un grand génie avec un bonheur rare
Pour faire jusqu’au ciel monter son monument,
Et de ce double don le destin est avare.

Hélas ! et le poëte est pareil à l’amant,
Car ils ont tous les deux leur maîtresse idéale,
Quelque rêve chéri caressé chastement.

Eldorado lointain, pierre philosophale
Qu’ils poursuivent toujours sans l’atteindre jamais,
Un astre impérieux, une étoile fatale.