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Puisque rien ne vous veut, pourquoi donc tout vouloir
Quand il vous faut mourir, pourquoi donc vouloir vivre
Vous qui ne croyez pas et n’avez pas d’espoir ?

Ô vous que nul amour et que nul vin n’enivre !
Frères désespérés, vous devez être prêts
Pour descendre au néant où mon corps vous doit suivre !

Le néant a des lits et des ombrages frais.
La mort fait mieux dormir que son frère Morphée,
Et les pavots devraient jalouser les cyprès.

Sous la cendre à jamais, dors, ô flamme étouffée !
Orgueil, courbe ton front jusque sur tes genoux,
Comme un Scythe captif qui supporte un trophée.

Cesse de te raidir contre le sort jaloux,
Dans l’eau du noir Léthé plonge de bonne grâce,
Et laisse à ton cercueil planter les derniers clous.