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NOTES ET VARIANTES, VERS 277

sens spécial d’affirmation explétive, que nous n’avons pas conservé dans notre langue. V. le Glossaire.

Vers 277.Ço ert Guenes mis parastres. Notre Notice sur Ganelon se divisera en deux parties : I. Famille de Ganelon ; II. Vie et mort de Ganelon.

I. Famille de Ganelon. — Dans la Chanson de Roland, Ganelon (la plus ancienne forme de son nom est Guenle : Revue critique, 1870, p. 102) n’a qu’une importance individuelle, et il n’est question de sa famille qu’à la fin du poëme. Encore n’y apparaît-elle que comme caution juridique, et Pinabel est-il le seul à y jouer un rôle actif. (Pinabel, « du château de Sorence, » qui est considéré seulement comme un des trente parents du traître.) Mais les trouvères postérieurs furent, comme on le sait, travaillés par la « monomanie cyclique ». Ils voulurent faire rentrer tous les personnages de notre Épopée dans un cycle, dans une geste déterminée. De là cette division bien connue de nos Chansons en trois gestes : celle du Roi, celle de Garin de Montglan, celle de Doon de Mayence. (Girars de Viane, éd. Tarbé, pp. 1, 2 ; Doon de Mayence, vers 3 et suivants ; Garin de Montglane, B. N. Lav. 78, f° 1 et 2 ; Chronique saintongeaise, citée par G. Paris, l. I, 76.) Or c’est à la geste de Doon qu’appartient Ganelon, ou, pour mieux parler, c’est dans cette geste qu’on l’a casé. Il est le fils de Grife ou Grifon d’Hautefeuille et petit-fils de ce Doon de Mayence qui eut douze enfants, dont l’auteur de Gaufrey nous donne ainsi les noms (vers 80-120) : 1° Gaufrey, père d’Ogier ; 2° Doon de Nanteuil, père de Garnier de Nanteuil ; 3° Grifon, père de Ganelon ; 4° Aymon de Dordone, père de Renaut, Alart, Richart et Guichart ; 5° Beuves d’Aigremont, père de Vivien l’Esclavon, grand-père de Maugis le larron ; 6° Othon, père d’Yvon et d’Yvoire ; 7° Ripeus, père d’Anseïs ; 8° Sevin de Bordeaux, père de Huon, qui fut l’ami d’Oberon ; 9° Peron, père d’Oriant, grand-père du chevalier au Cygne ; 10° Morant de Rivier, père de Raimond de Saint-Gilles ; 11° Hernaud de Giron ; 12° Girart de Roussillon. Telle est cette généalogie factice et qui n’a rien de traditionnel. ═ Néanmoins on est encore allé plus loin dans cette voie, et Jourdains de Blaives va jusqu’à créer décidément une quatrième geste, celle des traîtres. Mais il faut encore spécifier davantage. On donne à Ganelon un fils, Bérenger (Aye d’Avignon, vers 22), et un autre encore que Gui de Bourgogne appelle « Maucion ». Dans le même poëme on fait de Pinabel son frère. (Vers 152.) Il a des neveux : dans Gui de Nanteuil, c’est Hervieu : Fix fu de la seror au cuvert Guenelon ; dans Aye d’Avignon, c’est Aubouin et Milon (vers 151, 152) ; dans Jehan de Lanson, c’est le personnage de ce nom et son frère Nivard. Sa famille est nombreuse. De Grifon, dit l’auteur de Gaufrey (vers 3999 et