d’ailleurs un rôle important dans tout ce poëme d’Aspremont, où se révèle sa nature plus militaire que sacerdotale. Il est jeune encore : Gentix hons fu et jones chevaler (éd. Guessard, p. 2, v. 47), et n’aime que les belles armes et les beaux chevaux. C’est lui que l’Empereur envoie à ce terrible « Girart do Fraite » pour lui demander son aide contre Agolant, et l’on sait avec quelle fierté sublime notre archevêque remplit ce message. Girart le veut assassiner : il le maudit fort courageusement, et l’abandonne à sa destinée. (P. 13, v. 76 et ss.) ═ Et lorsque la grande guerre contre les Sarrazins est dans toute sa force, au milieu de la plus terrible bataille, il n’y a encore que Turpin qui ait le courage de porter, au front de l’armée, le bois de la vraie croix qui devient entre ses mains étincelant comme un soleil. (Lavall., 123, f° 64.) ═ C’est Turpin qui, dans Ogier, surprend le Danois endormi et le livre à Charlemagne ; mais c’est lui surtout qui, au lieu de le laisser mourir de faim, comme l’Empereur l’a ordonné, sauve le héros, le nourrit, le traite de son mieux et le réserve ainsi à la chrétienté, qui en aura bientôt le plus grand besoin. (Ogier, 9607-9660.) ═ Dans Renaus de Montauban, il refuse également de tuer Richard, et déclare très-fièrement qu’il n’a jamais versé une seule goutte de sang chrétien. (Éd. Michelant, p. 263.) ═ Il prend part à la grande expédition qui doit se terminer à Roncevaux. L’Entrée en Espagne le met, comme les autres Pairs, aux prises avec le géant Ferragus : il est vaincu. (Mss. fr. de Venise, xxi, f° 23-26.) Dans la bataille sous Pampelune, son courage éclate, ses exploits sont magnifiques. (Ibid., f° 149, v°.) ═ Mêmes coups de lance et d’épée dans Gui de Bourgogne, où le terrible archevêque coupe en deux la tête du païen Emaudras, aux grands applaudissements d’Huidelon et de Dragolan. (Vers 3666 et ss.) ═ Turpin est compté au nombre des douze Pairs par Roncevaux (Textes de Paris, de Venise VII, etc.), l’Entrée en Espagne, le Voyage (son gab consiste à jongler à cheval avec quatre pommes, v. 395-507), la Karlamagnus Saga, Otinel, la Chronique de Weihenstephan, etc. ═ On sait comment meurt à Roncevaux l’Archevêque soldat, le « Guerrier de Charles ». ═ Mais la Chronique de Turpin, comme on doit s’y attendre, a le soin de faire survivre Turpin au désastre qu’il raconte... Lors de la mort de Roland, l’Archevêque était près de Charles. Or, le 17 mai, il célébrait la Messe des morts, quand il vit passer dans le ciel les Diables qui emportaient l’âme de Marsile, les Anges qui conduisaient l’âme de Roland. Il raconte cette vision à Charlemagne, et, sur ces entrefaites, Baudouin arrive, qui a assisté à la mort des Pairs et confirme de tout point les affirmations de Turpin. ═ Tous les auteurs qui se sont guidés sur le faux Turpin ont reproduit à peu près la même fable, et se sont également gardés de faire mourir Turpin à Roncevaux. Nous avons
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NOTES ET VARIANTES, VERS 264