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NOTES ET VARIANTES, VERS 194

la première partie, il est trahi ; dans la seconde, il meurt ; dans la troisième, il est vengé. Son importance survit à sa mort, et jusqu’au dernier vers de la Chanson il en est le héros. Nous avons énuméré ailleurs les variantes et les modifications principales de la légende en ce qui touche l’expédition d’Espagne et la mort de Roland... D’après la « Chronique de Turpin » (1109-1119), Roland, avant de mourir, tue de sa main le roi Marsile. D’après ce même document, Roland était âgé de quarante-deux ans au moment de sa mort. Une vision miraculeuse apprend à Turpin cette mort du neveu de Charlemagne, dont Baudouin et Thierry ont d’ailleurs été les heureux témoins. (Cap. xxi-xxv.) ═ La « Chronique saintongeaise » (commencement du xiiie siècle), est le seul texte où il soit parlé d’un combat entre Roland et le roi de Libye, qui aurait précédé l’entrée en Espagne. (G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, p. 262.) ═ La Karlamagnus Saga (xiiie siècle), dans une de ses branches (la première, 51, 52), raconte la prise de Nobles et la mort du roi Fouré, que Roland tue malgré la défense de Charles. Le héros cherche en vain à effacer toute trace de ce sang injustement versé : Charles découvre le crime, et frappe son neveu au visage. ═ Un autre récit plus simple de la prise de Nobles se trouve dans la cinquième branche de la Saga... Roland se refuse à désespérer de la victoire, et ne veut pas abandonner le siége de Nobles. Son oncle combat cette résolution et va jusqu’à le frapper... ═ La Chronica Hispaniæ de Rodrigue de Tolède (✝ 1247), et la Cronica general d’Alfonse X (seconde moitié du xiiie siècle), nous montrent Roland succombant à Roncevaux sous le double effort des Sarrazins commandés par Marsile et des Espagnols conduits par Bernard del Carpio. ═ D’après les Chroniques de Saint-Denis, Roland assiége Grenoble (!), lorsqu’il apprend que son oncle est cerné en Dalmatie par les Vandres, les Saisnes et les Frisons. Pour lui permettre de voler au secours de l’Empereur, Dieu fait miraculeusement tomber les murs de la ville assiégée. ═ Une romance espagnole (Études religieuses des PP. jésuites, viii, p. 401) nous fait assister aux derniers moments de Roland, qui meurt de douleur à la seule vue de Charlemagne abandonné et triste. ═ D’autres Romances essaient d’étouffer la gloire chrétienne de Roland sous la gloire souillée de Bernard del Carpio. (Primavera, i, 26-47.) ═ Il ne nous reste plus qu’à renvoyer le lecteur à notre Notice sur Charlemagne : nous y sommes entré dans les plus minutieux détails sur les dernières pages de la légende de Roland. Ajoutons seulement que les monuments figurés ont célébré, tout autant que nos vieux poëmes, la gloire du neveu de Charlemagne. Nous plaçons ici, sous les yeux de nos lecteurs, les deux statues d’Olivier et de Roland qui décorent le portail de la cathédrale de Vérone (ces deux dessins sont dus