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NOTES ET VARIANTES, VERS 179-194

l’Arcisvesche qui mout fu i noriz, — Sanses li dus et ses freres Teriz, — Gieifrei d’Anjou et li quens Anmeriz, — Achars li mors et ses freres Almiz, — Gui de Gascogne et Miles li joïz.... » (Ms. de Venise.)

Vers 179.Or. Mu. Le ms. porte visiblement ore, que nous avons scrupuleusement conservé, pour ne rien donner de douteux sur la théorie de l’élision. ═ Lire dans notre texte le au lieu de li conseill. ═ Le, que donne le ms., est un sujet singulier neutre, venant d’illud. (Falt li le coer, 2019. Des or cumencet le plait, 3747.) Que, dans le même vers, donne lieu à la même remarque. Illud et quod servent à la fois pour le sujet et le régime latins ; le et que pour le sujet et le régime du neutre français. Voy., pour la théorie des neutres, la note du v. 9.

Vers 180.Barons. O. Pour se conformer à une règle générale de notre texte (v. la note des v. 17 et 30), il faut ici baruns, qui, d’ailleurs, est la forme la plus fréquemment usitée.

Vers 181.Marsilie. O. À cause du cas sujet, il faut Marsilies.

Vers 185. — « Or d’Arabe ou or arabiant. Or de provenance orientale, recommandé par le moine Théophile et souvent cité par les poëtes. L’or espagnol, que le même orfévre mentionne également avec un accompagnement étrange des plus sottes recettes, paraît bien n’avoir pas existé, et être le même que l’or arabe. Le texte de Théophile sur l’or arabe mérite d’être cité : Cap. xlvi. De auro arabico. Est et aurum arabicum pretiosissimum et eximii coloris, etc. » (Glossaire des émaux, par M. L. de Laborde.)

Vers 186.Care. O. V. la note du v. 131.

Vers 189.Recevrat. Mu. V. la note du v. 38.

Vers 191.Sis curages. V. la note du V. 56.

Vers 193.Empereres. O.

Vers 194.Li quens Rollanz ki ne l’otriet mie. Nous diviserons la « Légende de Roland » en trois parties : I. Sa naissance et ses enfances. II. Sa vie et ses exploits jusqu’à la trahison de Ganelon. III. Sa mort à Roncevaux.

I. Naissance et enfances de Roland. Roland, dans notre légende épique (et rien ne la justifie dans l’histoire), est partout représenté comme le neveu de Charlemagne. Sa mère reçoit, dans la plupart de nos poëmes, le nom de Gille ou Gillain. Si c’est un souvenir historique de Gisèle, sœur de Charles, ce souvenir est faux : car Gisèle fut toute sa vie religieuse à Chelles. La mère de Roland s’appelle Berte dans le Charlemagne de Venise et Bacquehert dans Acquin. Ce dernier poëme est le seul où son père soit nommé « Tiori » : partout ailleurs on le nomme Mile ou Milon d’Angers, ou d’Anglant, ou d’Aiglante. ═ Une légende fort répandue, et tout à fait antichrétienne, prétend que Roland naquit de l’inceste de Charlemagne avec sa sœur Gille. C’est ce que