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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

faites arrive la sœur de Charles, la mère de Roland, Gille. C’est elle, c’est cette mère qui, malgré sa profonde douleur, apprend à Aude la terrible nouvelle. Aude meurt ; mais elle meurt, hélas ! bien longuement, après l’apparition d’un ange, après des réflexions, après des prières sans fin. » (Ibid., 11561-12384.) Le reste de nos refazimenti est semblable à la Chanson de Roland. ═ 8° La Karlamagnus Saga (xiiie siècle), et le résumé danois de cette Saga, Keiser Karl Magnus’s Kronike (xve siècle), nous fournissent de très-précieuses variantes.... « C’est saint Gabriel, et non saint Jacques, qui pousse Charles en Espagne. Un cerf blanc le conduit à travers un gué de la Gironde. (Karlamagnus Saga, 1re branche, 50.) Roland et Olivier prennent Nobles sans le consentement de l’Empereur, et vont jusqu’à tuer le roi Fouré, que Charles leur avait ordonné d’épargner. Les deux coupables cherchent en vain à cacher les traces de ce sang criminellement répandu, et le Roi, plein de colère, frappe son neveu au visage. » (Ibid., I, 51-52.) Dans une autre branche de la Saga, ce célèbre coup de gant est donné par l’Empereur en des circonstances toutes différentes : Charles veut abandonner, de désespoir, le siége de Nobles ; Roland s’y refuse (5me branche). Quoi qu’il en soit, après la prise de Nobles, le roi de France s’empare tour à tour de Monjardin et de Cordres. Alors a lieu le « miracle des lances » que les soldats de Charlemagne fichent en terre, et qui se couvrent d’une verdure surnaturelle (1re branche, 53). Dans sa « huitième branche », la Saga suit de près notre vieux poëme, mais en omettant le récit de la lutte contre Baligant et de la bataille de Saragosse. (Bibl. de l’École des Chartes, XXV, 102-103 ; Histoire poétique de Charlemagne, 152-277.) ═ 9° Philippe Mouskes (milieu du xiiie s.) s’accommode du Faux Turpin, en y mêlant la légende de notre Chanson et de ses Remaniements. Il remonte aussi à d’autres sources, et raconte notamment le miracle des aubépines qui sortent du corps de tous les Français morts à Roncevaux. (Éd. Reiffenberg, vers 8618-8621.) ═ 10° La Cronica general d’Alfonse X (seconde moitié du xiiie s.), précédée par la Chronica Hispaniæ de Rodrigue de Tolède (✝1247), présentent sous un aspect tout différent la guerre de Roncevaux... « Alfonse le Chaste régnait depuis trente ans. Menacé par les Sarrazins, il appelle Charlemagne à son aide. Mais les Espagnols, ses sujets, se révoltent à la seule pensée qu’ils vont être secourus par des Français, et Alfonse est forcé de faire savoir à Charles... qu’il se passera de lui. Le roi de France, indigné, déclare tout aussitôt la guerre aux Espagnols. Plutôt que de céder aux Français abhorrés, ceux-ci sollicitent l’alliance de Marsile et des païens, et c’est Bernard del Carpio qui conclut cette alliance. Accablés par deux armées, ou plutôt par deux races, les Français sont vaincus, et Roland meurt. Il est