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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

Altumajor et Hébraïm, roi de Séville, continuent la lutte. Cachés sous des masques hideux, les païens attaquent les Français avec des cris épouvantables. Les Français reculent une première fois, mais le lendemain sont vainqueurs : Charles, maître de l’Espagne, la partage entre ses peuples. (Cap. xviii.) Il érige alors Compostelle en métropole, et fait massacrer en Galice tous les païens qui refusent le baptême. (Cap. xix.) C’est alors, mais alors seulement, qu’on voit entrer en scène Marsile et Baligant, tous deux rois de Saragosse, et envoyés tous deux par l’émir de Babylone. Ils feignent de se soumettre et envoient à Charles trente sommiers chargés d’or et quarante de vin, avec mille captives sarrasines. Ganelon, par pur avarice et sans nul esprit de vengeance, trahit son pays et s’engage à livrer aux païens les meilleurs chevaliers de l’armée chrétienne. Les Français, d’ailleurs, semblent attirer sur eux la colère du Ciel, en se livrant à de honteuses débauches avec les captives païennes. Ganelon les trompe, les endort, et l’arrière-garde de Charles est soudain attaquée par les Sarrazins que Marsile et Baligant conduisent à ce carnage. Sauf Roland, Turpin, Baudouin et Thierry, tous les Français meurent. (Cap. xxi.) Avant de mourir, Roland a la joie de tuer le roi Marsile ; mais il expire lui-même, après avoir en vain essayé de briser sa Durendal (cap. xxii) et s’être rompu les veines du cou en sonnant de son cor d’ivoire. Charles l’entend du Val-Charlon, pendant que Thierry assiste à l’agonie et à la mort de Roland. (Cap. xxiii et xxiv.) Or c’était le 17 mai. Turpin chantait la messe, lorsqu’il vit soudain passer dans les airs les Démons qui menaient en enfer l’âme de Marsile, et les Anges qui conduisaient au Paradis l’âme de Roland. Presque en même temps, Baudouin apporte à l’Empereur la nouvelle de la mort de son neveu. Désespoir de Charles, pleurs de tous les Français. (Cap. xxv.) C’est alors que les chrétiens vont relever leurs morts sur le champ de bataille de Roncevaux, dans le Val-Sizer. Comme dans notre Chanson, Dieu arrête le soleil pour permettre à Charles de se venger des Sarrazins, et le traître Ganelon, après un combat entre Pinabel et Thierry, est jugé, condamné, exécuté. (Cap. xxvi. — Voir au t. II des Épopées françaises, pp. 340-342 et 408-411, un résumé complet de la Chronique de Turpin. Ajoutons ici que le texte du Faux Turpin est reproduit dans le IIIe livre de la Chronique anonyme, dédiée en 1165 à Frédéric Barberousse, sous ce titre : De la Sainteté et des miracles du bienheureux Charlemagne.) ═ 2° Le Ruolandes Liet, œuvre allemande du curé Conrad (vers 1150), est calqué sur le texte d’Oxford. L’esprit en est clérical et non plus militaire : c’est l’unique différence, les faits sont les mêmes. ═ 3° Le Stricker, dans son Karl, n’a guère fait que versifier plus élégamment le Ruolandes Liet (vers 1230). ═ 4° La Kaisercronik (xiie siècle)