Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
NOTES ET VARIANTES, VERS 96

mais avec Olivier. Il se convertit au milieu du combat, et meurt après s’être fait baptiser. Sa fiancée, Magdalie, fille du trop célèbre Marsile, veut le venger, mais devient la captive de Roland, pour lequel elle se prend trop vite d’un amour ardent. Olivier est forcé d’intervenir et d’arracher Roland à cette affection indigne de celui qui devait épouser la belle Aude. (V. l’édit. Keller et G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, 489-491.) ═ Jacques d’Acqui (fin du xiiie siècle) raconte qu’un géant païen nommé Ottonnel, de la ville d’Attilie, fut, en effet, battu par les chrétiens et converti par Roland. Le Chroniqueur ajoute que Roland lui donna sa sœur Bélissent en mariage, et que cet Ottonnel devint l’un des douze Pairs. Par malheur, Roland frappa d’un coup mortel, au milieu de je ne sais quelle bataille, son beau-frère qu’il ne reconnaissait pas. La sœur de Roland, femme d’Ottonnel, en mourut de douleur. (Hist. poét. de Charlemagne, 505, 506.) On peut, sans témérité, considérer toutes ces fables comme postérieures à la rédaction de notre Roland.

V. L’Espagne. « Charles se repose de tant de guerres et, au milieu de sa gloire, oublie le vœu qu’il a fait jadis d’aller délivrer l’Espagne et le « chemin des Pèlerins ». Saint Jacques lui apparaît et lui annonce que le temps est venu d’accomplir son vœu. (L’Entrée en Espagne, poëme du comm. du xive siècle, renfermant des morceaux du xiiie. Mss. fr. de Venise, xxi, f° 1, 2.) L’Empereur n’hésite pas à obéir à cette voix du ciel ; mais il n’en est pas de même de ses barons, qui prennent trop de plaisir à la paix et s’y endorment : Roland les réveille. (Ibid., f° 2-7.) Marsile est saisi d’épouvante en apprenant l’arrivée des Français. Par bonheur, il a pour neveu le géant Ferragus, qui va défier les douze Pairs, lutte avec onze d’entre eux et, onze fois vainqueur, les fait tous prisonniers. (Ibid., 7-31.) Mais il reste Roland, et celui-ci, après un combat de plusieurs jours, finit par trancher la tête du géant qu’il eût voulu épargner et convertir. (Ibid., 31-79.) L’action se transporte alors sous les murs de Pampelune, et elle y demeurera longtemps. Une première bataille se livre sur ce théâtre de tant de combats. Isoré, fils de Malceris, roi de Pampelune, s’illustre par d’admirables mais inutiles exploits. Il est fait prisonnier, et, sans l’intervention de Roland, Charles eût ordonné sa mort. (Ibid., 79-121.) La guerre continue, terrible. Une des plus grandes batailles d’Espagne va commencer : Roland est relégué à l’arrière-garde, et s’en indigne. (Ibid., 122-162.) Voici la mêlée : on y admire à la fois le courage de l’Empereur et celui de Ganelon. (Ibid., 162.) Quant à Roland, il commet la faute très-grave de déserter le champ de bataille avec tout son corps d’armée. Il est vrai qu’il s’empare de la ville de Nobles ; mais il n’en a pas moins compromis la victoire des Français. L’Empereur le lui