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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

autre homme : il se fait l’allié des Français et s’apprête à combattre son propre père, l’émir Balant. (Ibid., 1803-1994.) Quant à Floripas, sa sœur, elle ne rêve que de se marier avec Gui de Bourgogne. (Ibid., 2255.) Mais les événements ne tournent pas à l’avantage des chrétiens, et Balant se rend maître de Gui, de Roland, de Naimes et des premiers barons français. (Ibid., 2256-2712.) Floripas entreprend de les délivrer, et y réussit. (Ibid., 2713-5861.) Balant lui-même est fait prisonnier, et, plutôt que de recevoir le baptême, va au-devant de la mort. C’est Floripas elle-même qui, fille dénaturée, se montre la plus impitoyable pour son père : Balant meurt. (Ibid., 5862-5991.) Floripas épouse enfin Gui de Bourgogne et apporte à Charlemagne les reliques de la Passion, qui sont la cause de toute cette lutte. Dieu atteste leur authenticité par de beaux miracles. C’est trois ans après que Ganelon trahit la France et vend Roland. » (Ibid., 5992-6219.) ═ Le Fierabras que nous venons de résumer n’est pas la version la plus ancienne. Suivant l’opinion de M. G. Paris, à laquelle nous rattachons la nôtre, il a existé un roman antérieur, qui pouvait bien avoir pour titre : Balant. Ce poëme, disparu, commençait par le récit d’une prise de Rome que les Sarrazins enlevaient aux chrétiens. Charles arrivait au secours des vaincus, et là se plaçait le combat d’Olivier et de Fierabras. C’était tout. ═ Il est à peine utile d’ajouter que les versions en prose de notre Fierabras n’ont fait que délayer la version en vers. Nous avons ailleurs discuté la question de la priorité du poëme français sur le Fierabras provençal. ═ « Au commencement d’Otinel (xiiie siècle), l’Empereur tient cour plénière à Paris. (Vers 23 et ss.) Survient un messager païen du roi Garsile : « Abandonne ta foi, dit-il à Charles, et mon maître daignera te laisser l’Angleterre et la Normandie. » (Ibid., 137 et ss.) Or ce Garsile avait pris Rome, et son messager lui-même, Otinel, l’y avait singulièrement aidé. (Ibid., 91 et ss.) Roland s’irrite d’un message aussi insolent, et défie Otinel. (Ibid., 211-216.) Entre de tels champions, c’est un duel terrible. Le Ciel y intervient, et, au milieu du combat, Otinel s’écrie : « Je crois en Dieu. » On le baptise, et Charles va jusqu’à lui donner sa fille Bélissende en mariage (Ibid., 262-659) ; Otinel devient alors l’appui de la Chrétienté et l’ennemi de Garsile. (Ibid., 660-1915.) Au milieu de cette guerre, Ogier est fait prisonnier, mais parvient à s’échapper. (Ibid., 1916-1945.) La grande et décisive bataille est à la fin livrée : Otinel tue Garsile, et l’on célèbre joyeusement ses noces avec Bélissende. » (Ibid., 1948-2132.) On voit assez, par cette rapide analyse, qu’Otinel ne contient rien de légendaire, et que c’est une œuvre d’imagination pure. ═ Dans le Karl Meinet, compilation allemande du commencement du xive siècle, « Ospinel », roi de Babylone, défie les douze Pairs et lutte, non pas avec Roland,