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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

Vincent de Beauvais et Marino Sanuto. ═ La Karlamagnus Saga du xiiie siècle, résumée au xve dans le livre danois : Keiser Karl Magnus’s Kronike, raconte très-gravement un voyage de Charlemagne en Orient où il n’est pas question des gabs... Charles fait vœu de visiter le Saint Tombeau : il revient, en effet, par Constantinople, mais c’est pour la délivrer des Sarrazins. Il en rapporte le saint suaire et surtout la pointe de la lance dont fut percé le côté de Jésus-Christ. Il est certain que la Saga reproduit ici un vieux poëme. ═ Mais dans une autre branche (la septième), elle reproduit en outre le poëme que nous avons précédemment analysé. ═ Philippe Mouskes ajoute (vers 10022 et suiv.) quelques nouvelles reliques à celles qu’ont énumérées les précédents auteurs. ═ Girart d’Amiens, dans un passage malheureusement mutilé de son Charlemagne, raconte une véritable Croisade du grand empereur. ═ Le Ms. 226 de l’Arsenal reproduit, à peu de chose près, notre Voyage du xiie siècle. Seulement, — alors que Charles quitte Jérusalem pour aller à Constantinople avec de nombreuses reliques, — les pèlerins sont attaqués par deux mille Sarrazins que commande Braimant. Naimes est d’avis de ne pas tenter une résistance impossible ; mais les jeunes Pairs se précipitent sur les païens. Charles, lui, se contente de s’agenouiller : sa prière est tout aussitôt exaucée, et tous les Sarrazins sont changés en statues de pierre. ═ David Aubert, dans ses Conquestes de Charlemagne, reproduit à peu près, et en la délayant, la version de la Légende anonyme de 1080... ═ « Charlemagne, qui était allé en personne visiter l’Orient, y envoya une autre fois ses grands barons (douze comtes). Le chef de cette ambassade est Simon de Pouille. (Simon de Pouille, poëme de la fin du xiiie s. Ms. 368 de la B. N., f° 144, v°, col. 3.) Les Douze arrivent à Jérusalem, adorent le Saint Sépulcre ; mais, au sortir de la Ville sainte, ils sont faits prisonniers par l’émir Jonas et les Sarrazins. Par bonheur, le sénéchal de Jonas, Sinados, se convertit fort à propos pour les douze Compagnons, qui peuvent s’enfermer et se défendre dans le château d’Abilent. (Ibid., f° 144-149.) Les Français, grâce à une ruse de Simon de Pouille, parviennent à rejoindre leur allié Sinados. (Ibid., f° 149-154.) Cependant, et malgré, toutes leurs victoires, les chrétiens vont mourir de faim (Ibid., f° 155) et demandent en vain du secours au roi de Jérusalem. (Ibid., f° 156-159.) Mais ils peuvent enfin faire parvenir un message à Charles. (Ibid., f° 159.) Une dernière bataille rend les Français maîtres de la situation. Ils sont aidés par deux mille chevaliers que Charles leur envoie de France : Sinados est baptisé et devient, après la mort de Simon, le suzerain de la Calabre et de la Pouille. » (Ibid, f° 159-160, et Ms. de Londres, analysé par Fr. Michel, en son Charlemagne, pp. civ-cviii.) ═ 2° Charlemagne en Bretagne. « Acquin, empereur des Sarrazins, » s’est rendu maître de la Petite-Bretagne.