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RENDRE — RENIER

Il a pour signification : plat, étendu, déployé. C’est l’adjectif que l’on retrouve dans les noms de Larceveau, Larzabal (Larre ou Lar, lande ou pâturage), de Çabaléta, que je traduirais village de la plaine, et de Çabalce, qui a la même signification. Les exemples peuvent être très-multipliés, car le mot çabal se place soit avant, soit après les noms. ═ Çabal, d’ailleurs, convient parfaitement à la localité qui porte le nom de Roncevaux. En effet, dès qu’on a descendu la montagne d’Ibagnéta, et que la porte voûtée de l’abbaye est franchie, on trouve devant soi un assez large vallon. ═ Quant au mot Ros qui forme la première partie du nom, il est fréquent dans la région, sous la forme arros, parce qu’il n’y a pas en basque de mot commençant par R, et que l’on dit, par exemple, Erroma pour Roma. (Voy. Arros, section de Larceveau ; — Arros, canton de Nay ; — Arros, canton d’Oloron-Ouest.) ═ Le sens de ce dernier mot m’est inconnu et je le regrette ; car j’aurais eu à cœur de compléter cette courte note sur Rosçabal. Il ne me reste plus qu’à vous affirmer que toutes les formes du moyen âge Roscida-Vallis, Roncesvalles, etc., sont des noms forgés ; car, au courant du xiie siècle, on disait Rosçabal pour Roncevaux, tout comme Larçabal pour Larceveau. Je ne saurais trop insister sur ce point. »

RENDRE. Verbe actif. (Reddere, rendere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : rendre, 2733, 3004, 3593. — Ind. prés., 3e p. s. : rent, 2198, 2572 ; 3e p. p. : rendent, 1397, 1829, 2122. — Parf. simpl., 3e p. s. : rendit, 1406. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f. : ad rendut, 2849 ; ad rendues, 3655. — Fut., 1re p. s. : rendruns, 2144. — Impér., 2e p. p. : rendez. ═ Pass. Fut., 3e p. p., avec un s. p. m. : erent renduz, 3950. Part. pass., r. s. n. : rendut, 2849. S. p. m. : renduz, 3950. R. p. f. : rendues, 3655. ═ 2° Sens. a. « Faire restitution d’un dépôt confié, etc. ; restituer, remettre. » Tant le guarde(re)nt que l’ rendent à Charlun, 1829. Diseient li : Sire, rendez le nus, 2560. Bramidonie les turs li ad rendues, 3655. Cf. le vers 3593, et, au vers 3950, la locution « être rendu en otage », c’est-à-dire « être livré à titre d’otage » : Erent... pur Pinabel en ostage renduz. — b. « Quitter, laisser. » Ce sens dérive fort naturellement du précédent. Charlemagne, sur le point d’aller chercher le corps de son neveu à Roncevaux, ad rendut ses armes (2849), c’est-à-dire, « s’est désarmé. » S’espée rent e sun helme, 2572. — c. De là aussi les locutions « rendre une bataille », « rendre des coups », etc. : Encui rendruns à païens cest asalt, 2142. A Rollant rendent un estur fort e pesme, 2122. Franc e païen merveilus colps i rendent, 1397. Bataille quident rendre, 3004. — d. « Rendre un service » : Malvais servis(e) le jur li rendit Guenes, 1406. — e. « Faire, faire devenir » : La meie mort me rent si anguissus, 2198. Rendre le quidet u mort o recreant, 2733.

RENG. R. s. m. (Ancien haut allem. Hring.) Si’ s mist en reng, 2192. et renc : Turpins de Reins en est levet de l’ renc, 264.

RENGES. S. p. f. Les franges, les extrémités du gonfanon (V. Ducange aux mots rinca, ringa, ringia, auxquels il donne pour sens unique celui de « baudrier ») : Les renges (d’or) li batent josqu’as mains, 1158.

RENIER, et non pas reiner, qui ne convient pas comme assonance dans une laisse en ier (Reginharium ; anc. haut allem. Reginheri. Pott, 240 ; même rad. germ. que Reinhard) : Vos fustes filz à l’ bon cunte Renier, 2208.