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QUE — QUERRE

1003. Cf. 757 (?) et 1693... Telles sont les trois origines de la conjonction que dans le Roland : il importait de les distinguer nettement l’une de l’autre. ═ Il est inutile d’ajouter que la même conjonction s’unit avec certaines prépositions pour former des locutions conjonctives : Einz que ; enceis que, 811, 1690 ; puis que, 818, 896, 1095 ; por ço que, 1004, etc. Dans les trois premières de ces locutions, que vient de quàm. ═ Que se combine avec le pronom. C’est ainsi que quels est pour quod illos : Or est le jur quel’s estuverat murir, 1242. ═ Une dernière observation : Nos pères négligeaient ou supprimaient la conjonction que en beaucoup de cas où nous n’oserions point ne pas nous en servir : Ço sent Rollanz la veüe ad perdue, 2297. Ne lesserat bataille ne lur dunt, 859. Carles li magnes ne poet muer n’en plurt, 841. Le subjonctif suffisait alors, et la phrase y gagnait en vivacité. C’est une de ces libertés, ou, plutôt, un de ces usages que nous aurions dû garder.

QUE QUE. « Quoi que, quelle que soit la chose que... » (Quidquid) : Que que Rollanz à Guenelun forsfesist, 3827.

QUEI. Adj. s. p. m. Tranquilles, « qui se tiennent coi » (Quieti) : Icels d’Alverne... se cuntienent plus quei, 3797.

QUEI. Quoi (Quid) : De quei avez pesance, 832. ═ Pur quei a trois sens, 1° « C’est pourquoi » : Rollanz me forsfist... Por que(i) jo quis sa mort, 3759. ═ 2° « Pourquoi » : Pur quei t’esrages, 286. Por quei me portez ire, 1722. E ! malvais Deus, por quei nus fais tel hunte, 2582. ═ 3° « Afin que... » : Baptisez la pur quei Deus en ait l’anme, 3981. Dans ce dernier sens, pur quei est au lieu de « pur que ».

QUELS. Adj., s. s. m. (Qualis.) Mais jo ne sai quels en est sis curages, 191. Li quels d’els la veintrat, 735. Li quels d’els dous en fut li plus isnels, 1387. Ne set li quels abat ne quels chiet, 2553. Mais ço ne set li quels veint ne quels nun, 2567. Ces deux exemples montrent très-clairement qu’on employait quels tantôt avec et tantôt sans l’article li. — S. s. n. (?) : Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15. Deus ! quel doel de baron, 1536. On peut dans ce dernier exemple voir un régime plutôt qu’un sujet. Il y a doute. — R. s. f., quel : En quel mesure, 146. Ne li chalt, sire, de quel mort nus muriuns, 227. Cf. 593, 631. Quel part qu’il alt, 2034. On trouve deux fois quele. Au vers 927 (Asez orrez la quele irat desure), on peut supposer une erreur du scribe ; mais au vers 395 (Par quele gent), la mesure exige bien quele. C’est déjà le commencement de la décadence ; c’est la violation de cette belle règle qui peut ainsi se formuler : « Les adjectifs latins n’ayant qu’une terminaison pour le masculin et le féminin, ont donné naissance à des adjectifs français qui n’ont également qu’une seule forme pour les deux genres... »

QUENS. S. s. m. Comte (Comes), 194, 625, etc. — Voc. s. m. : quens, 2045. — R. s. m. : quens, par erreur, et cunte (Comitem), qui est la forme correcte. V. ce mot.

QUER. R. s. n. Cœur (Cor) : La mort... sur le quer li descent, 2356. R. p. n., quers : E tuz les quers en paile recuillir, 2965. Cf. au s. s. n. : coer, 2019 ; au r. s. n. : coer, 1107, 1278, 1438, 1447, 1556, et au r. p. n. : coers, 3628.

QUERANT. V. le suivant.

QUERRE. Verbe act. Inf. prés. Chercher, demander, dans tous les sens actuels de ce mot au propre et au figuré (Quœrere) : Quant l’Empereres vait querre sun nevold, 2870. Cf. 1782 (avec le sens d’attaquer),