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MUNT — MURIR

MUNT. Verb. neut., 3e p. s. du subj. prés. de munter : Cunseill d’orguill n’est dreiz que à plus munt, 228. V. Munter.

MUNTAIGNE. R. s. f. Montagne (Montaneam), 6. — S. p. f. : muntaignes, 1084. — R. p. f. : muntaignes, 2040.

MUNTER. Verb. neutre ou intrans. Monter (l’étymologie est munt) : Ceste grant guerre ne deit munter, 242. — Ind. prés., 3e p. s., muntet : Munter un lariz, 1125. El’ paleis muntet sus, 2821. 3e p. p., muntent : Es destrers muntent, 1001, 1801. — Parf. comp. (?), 3e p. s., avec un s. s. m. : est muntez, 1017 ; est muntet, 792, 896, 1028 ; est munted, 347, 660. Avec un s. s. f. : est muntée, 3635. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt muntez, 92 et 3869. — Impér., 2e p. p., muntez : Eissez des nefs, muntez, si chevalciez, 2806. — Part. pass., s. s. m. : muntez, 1017 ; muntet, 792, 896, 1028 ; munted, 347, 660. S. s. f. : muntée, 3635. S. p. m. : muntez, 92, 3869.

MUR. S. s. m. (Murus.) Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. — R. p. m., murs : Cordres ad prise e les murs peceiez, 97.

MURDRIE. S. s. f. Meurtre. (Murdre vient de mordrum, qui est fait sur le gothique maurth. Murdrie est une forme féminine forgée sur murdre.) Plus aimet il traisun e murdrie : 1636.

MURGLEIS. R. s. f. Nom de l’épée de Ganelon (?) : Sur les reliques de s’espée Murgleis la traïsun jurat, 607.

MURGLIES. R. s. f. Même nom que le précédent (?) : Cein(te) Murglies s’espée à sun costed, 346.

MURIR. Verbe neutre, inf. prés. (Du lat. barb. et popul. moriri. Il est inutile d’ajouter que ce « déponent » a été, dans la formation de notre langue, ramené aux formes des verbes actifs.) Meilz voelt murir que guerpir sun barnet, 536. Cf. 828, 1096, 1701, 3909. ═ Ind. prés. 1re p. s., moerc : Si jo i moerc, 1122. 2e p. p., murez : Se vos murez, esterez seinz martirs, 1134. 3e p. p., moerent : Moerent Paien e alquant en i pasment, 1348. Cf. 3477. — Fut.. 1re p. s., murrai : Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. 3e p. s., murrat : Se il poet, murrat i veirement, 615, et murat : Einz i murat que cuardise i facet, 3043. 1re p. p., murrum : Hoi murrum, par le mien escient, 1936. 2e p. p., murrez : murrez vus à hunte e à viltet, 437. Cf. 1734. 3e p. p., murrunt : Franceis murrunt si à nus s’abandunent, 928. Cf. 904 et 938. — Cond. 3e p. s., murreit : Ja ne murreit en estrange regnet, 2864. 1re p. p. : muriuns, 227. Mais je pense qu’il y a ici une erreur du scribe, et qu’il faut, au futur, murruns. — Subj. prés. 1re p. s., moerge : Mielz est que sul moerge que tant bon chevaler, 359. Cf. 448. 3e p. s., moerget : Unt otriet que Guenes moerget, 3963. 1re p. p., moeriuns : Asez est mielz que moeriuns cumbatant, 1475. 3e p. p., moergent : Einz que il moergent, 1690. On remarquera, dans ces formes du subjonctif, la consonification de l’i latin. De là le g. ═ Nous venons d’exposer la conjugaison neutre, c’est-à-dire la véritable conjugaison de murir. Ce mot a encore une conjugaison « active » : Mort as mun filz, 3591 (tu as tué mon fils). Mais encore faut-il s’entendre sur cette conjugaison. On ne la trouve jamais, dans le Roland, que dans un temps composé (As mort, ad mort, unt morz, etc.). Or c’est là la locution latine : Habet mortuum, mortuam, mortuos, dans sa signification étymologique. Je veux bien qu’on trouve ailleurs murir dans le même sens (Gachet, Glossaire du Chevalier au Cygne, 881), mais de tels exemples