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MENÉE — MERCIT

versificateurs, des laisses en er et de celles en ier.

MENÉE. R. s. f. Certaine sonnerie particulière du graisle ; sans doute la charge ou la poursuite (Minatam ; voy. le suivant) : VII milie graisles i sunent la menée, 1454. ═ Ce même mot est employé, dans un sens plus large, pour le son même des cors ou des « olifans » : S. p. f., Menées : De l’olifan haltes sunt les menées, 3310.

MENER. Verbe act. Conduire (Minare), 906. — Ind. prés., 3e p. s. : meinet, 3680. 3e p. p., meinent, 991 et 3668. — Impér., 2e p. p., menez, 211. — Fut., 2e p. p., merrez, 3204. ═ Passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : Iert menée, 3673. 2e p. p., avec un s. s. m. : serez menet, 478. — Part. pass., s. s. m. : menez, 478 : s. s. f. : menée, 3673. ═ On dit « mener une guerre », 906, etc.

MENTIS. Verbe neutre. Parf. simp. 2e p. s. (Mentir vient de mentiri.) Veire pate[r]ne ki unkes ne mentis, 2384. C’est une des épithètes les plus constantes de Dieu dans nos Chansons de geste. 3e p. s. : mentit, 1865. — Parf. comp. 2e p. p., avez mentit : Vos i avez mentit, 1253.

MENTUNS. R. p. m. (Menton vient du lat. mentum avec une désinence en o, onis.) Es vis e es mentuns, 626. Cf. le v. 3273, où le scribe, au r. p. m., a écrit mentun au lieu de mentuns.

MENU. Adverbe. V. Menut.

MENUE. Adjectif, s. s. f. Petite, fine (Minuta) : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329. — S. p. m., menues. Il est dit, en parlant des tours de Saragosse, que : Les dis sunt grandes, les cinquante menues, 3656. — R. p., menuz : De mes pecchez, des granz e des menuz, 2370. Cf. 3605. — R. p. f., menuz, par erreur : D’ici qu’as denz menuz, 1956. V. Menut.

MENUR. Adj. comparatif, r. s. f. (Minorem.) Avec la, c’est un superlatif : En la menur (eschele), 3219.

MENUT. Adverbe. (Minute.) La locution « menut e suvent » est fréquemment employée dans notre vieille langue (vers 1426 et 2364). ═ Au v. 739, nous trouvons menu sans le t étymologique : Par mi cel host suvent e menu reguardet.

MER. S. s. f. (De Mare, sous une forme féminine.) La mer en est plus bele, 2635. — R. s. f., mer : Vers Engletere passat il la mer salse, 372. Cf. 3, 67, 1521. Dans ce dernier vers, rem. la locution « par mer » : Sire est par mer de .IIII. C. drodmunz.

MER. Adjectif, r. s. Pur. (Merum.) C’est l’épithète constante du mot or : Or mer, 115, 1314, 1738, et 3887. Mier, qui se trouve aux v. 1506 et 3866, est la forme véritable ; c’est celle qu’il faut lire aux vers 115, 1314, 1738 et 3887. Car ce mot ne se trouve jamais, comme assonance, que dans les couplets en ier.

MERCIET (ad). Verb. act.. 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. m. A remercié. (Mercier est le verbe de mercit, qui vient de mercedem.) Li reis Marsilie mult l’en ad merciet, 908. — Subj. prés., 3e p. s., mercie : Deus... à bien le vos mercie, 519. Il faut remarquer que le sens ici n’est plus le même. (C’est celui de « Dieu vous en récompense ». Cette signification est plus étymologique que la première. V. le suivant.

MERCIT. R. s. f. Pitié, miséricorde (Mercedem) : Il vos mandet qu’aiez mercit de lui, 239. Cf. 82, 1854. Si preiez Deu mercit, 1132. Cf. 2383. Deus ait mercit de l’anme, 3721. On voit, par les vers précédents, l’emploi déjà fréquent des deux locutions « avoir merci de » et « prier ou demander merci ». ═ Une troisième expression populaire