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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

France. » (Ibid., 3074-3102.) ═ Telle est la version attribuée au vieux Raimbert de Paris (xiie siècle) et reproduite, avec amplification, par Adenès en ses Enfances Ogier (seconde moitié du xiiie siècle). ═ Le Charlemagne de Venise (comm. du xiiie siècle) nous offre une troisième forme de la même légende, qui ne diffère pas notablement des deux premières... C’est Dieu lui-même qui, par un ange, ordonne à Charles l’expédition d’Italie. Ogier n’est ici qu’un écuyer inconnu ; Caraheu reçoit le nom de Caroer, et il meurt à la fin du Roman, etc. ═ La Karlamagnus Saga, du xiiie siècle (en sa 3e branche) ; les remaniements en vers (Bibl. de l’Ars., B. L. F., 190, 191, xive siècle) et en prose (Éditions incunables qui reproduisent la version du manuscrit précédent) ; les Conquestes de Charlemagne, de David Aubert (1458), n’apportent à la légende aucune variante considérable. ═ Cette même légende n’a laissé aucune trace dans la Chanson de Roland, où cependant Ogier joue un rôle très-important (sans être toutefois compté au nombre des douze Pairs). Ogier est néanmoins un personnage historique, et sa légende s’est formée bien avant le xiiie siècle. Dans l’histoire poétique de Charlemagne, c’est l’élément le plus antique que nous ayons rencontré jusqu’ici. ═ Les Enfances Ogier nous ont parlé fort longuement d’une première expédition en Italie : Aspremont, plus longuement encore, nous fait assister à une seconde campagne de l’Empereur par delà les Alpes. C’est donc ici qu’il convient de résumer Aspremont... « Charles tient sa cour un jour de Pentecôte. (Édit. Guessard, pp. 2 et 3, v. 1-5.) Soudain, un Sarrazin arrive et défie solennellement le Roi au nom de son maître Agolant. L’ambassadeur païen s’appelle Balant. (Ibid., p. 4, v. 9 et suiv.) Charles pousse son cri de guerre, et la grande armée de France se met en route vers l’Italie. La voilà qui passe à Laon. (Ibid., p. 11, v. 77 et suiv.) Or, à Laon était enfermé le neveu de Charles, qu’on ne voulait pas encore mener à la guerre : il n’avait que 12 ou 15 ans. Roland s’échappe et rejoint l’armée. (Ibid., pp. 13-16.) Charles envoie Turpin demander aide au fameux Girart de Fraite, qui d’abord répond par un refus insolent, et veut assassiner l’Archevêque (Ibid., pp. 17-18) ; mais qui, sur les conseils pressants de sa femme, se décide à marcher au secours de l’Empereur. (B. N. Ms. 2495, f° 85, r° — 87, r°.) Alors toute l’armée franchit les Alpes et traverse l’Italie ; car c’est la Calabre qui doit être le théâtre de la grande lutte. Agolant, le roi païen, a un fils nommé Yaumont, qui est le héros du poëme. Yaumont lutte avec Charles et est sur le point de le vaincre, quand arrive Roland, qui tue le jeune Sarrazin et s’empare de l’épée Durendal. (B. N. Ms. Lavall., 123, f° 41, v° — 43, r°.) La guerre cependant n’est pas finie : il faut que saint Georges, saint Maurice et saint Domnin descendent dans les rangs des chrétiens et combattent avec eux (Ibid., f° 64, v°