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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

malgré David, se lance dans la bataille contre l’émir Bruyant, ennemi de Galafre. Il le tue, et on le fait chevalier. (Ibid., f° 32, r° — 35, v°.) Il délivre ainsi Galafre de tous ses ennemis et se prend d’amour pour la belle Galienne, fille du Roi. (Ibid., f° 35, v° — 38, r°.) Le récit de ces amours est charmant. (Ibid., f° 38 — 41, r°.) Cependant Charles ne s’amollit point, attaque et tue Braimant : nouveau triomphe. (Ibid., f° 46, v°.) Enfin il épouse Galienne, qui déjà s’est convertie à la foi chrétienne. (Ibid., f° 50, r°, v°.) C’est en vain que Marsile, frère de Galienne, conçoit pour lui une haine mortelle et essaie de le faire périr : Charles, une fois de plus vainqueur, ne songe désormais qu’à quitter l’Espagne et à reconquérir son royaume. Il commence par délivrer une première fois Rome et la Papauté, menacées par Corsuble. (Ibid., f° 55, r° et v°.) Il fait ensuite son entrée en France, et sa marche n’est qu’une suite de victoires. Heudri et Lanfroi, les deux traîtres, les deux fils de la serve, sont vaincus et châtiés. (Ibid., f° 64, r° — 66, v°.) Charles reste seul roi, mais il a la douleur de perdre sa chère Galienne... » (Ibid., f° 67, v°.) — Tel est ce récit, telle est cette « légende » des Enfances de Charles. Rien n’en transpire avant le xiie siècle. La Chronique de Turpin (cap. xiii et xxi) n’y fait que quelques allusions. ═ Le Charlemagne de Venise (comm. du xiiie siècle) est, par avance, d’accord avec Girart d’Amiens : seulement, les traîtres y sont appelés Landri et Leufroi et se font secourir, à la fin du poëme, par le trop célèbre Girart d’Aufraite. Charles, d’ailleurs, a eu affaire à un pape de la race de Ganelon, et n’a pu sortir d’embarras que grâce à l’appui du roi de Hongrie et au dévouement d’un cardinal dont il fit plus tard un pape. (V. l’analyse de M. Guessard,dans la Bibl. de l’École des Chartes, xviii, 397-402.) ═ Le Renaus de Montauban (xiiie siècle) nous offre à peu près la même légende. (Éd. Michelant, p. 266.) ═ Dans la Karlamagnus Saga du xiiie siècle (V. l’analyse de Gaston Paris dans la Bibl. de l’École des Chartes, xxv, 83-93), Charles s’allie, contre Lanfroi et Heudri, avec un voleur du nom de Basin. Caché derrière les rideaux du comte Reinfroi, il entend tout le complot tramé contre lui et le démasque. ═ Renaus de Montauban reproduit aussi cette légende, bien qu’elle s’accorde mal avec la précédente. (Éd. Michelant, pp. 266, 267) ═ Le Karl Meinet (compilation du comm. du xive siècle) raconte une histoire qui se rapproche assez de celle du Charlemagne de Girart d’Amiens, et qu’il emprunte à un Meinet néerlandais des xiie et xiiie siècles : « Haenfrait et Hoderich gagnent la confiance de Pépin, et même passent pour ses fils. Ces bâtards veulent se débarrasser de l’enfant légitime, qui leur échappe en se retirant chez Galafre... » ═ La Cronica general de Espana (xiiie siècle) se hâte, dès l’arrivée de Charles en Espagne, de le mettre en rapport avec Galienne, qu’il rencontre, qu’il délivre de