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ESDEMETRE — ESLISENT

lat. scutus), 1262 ; escut, 1495, 3355. — R. s. m. : escut, 526, 1199, 1276, 1556, 2991, 3149. — S. p. m. : escuz, 1453, 3307. — R. p. m. : escuz, 713, 913, 2210, 3867.

ESDEMETRE. Verbe act., réfl. et neutr., inf. prés. À l’actif, le sens est celui de « lâcher, abandonner ». D’où sans doute le réfl. s’esdemetre, et le neutre esdemetre, qui signifie « se lancer, prendre son élan ». (Ex-de-mittere.) Sun bon ceval i ad fait esdemetre, 1567.

ESFORCET. Part. pass. employé adjectivement, au r. s., dans le sens de « plus considérable » (Ex-fortiatum) : Jo t’en durai mult esforcet eschange, 3714.

ESFORZ. R. s. (Subst. verbal d’ex-fortiare.) 1° Se dit, en particulier, d’une forte armée dans le sens où nous disons encore aujourd’hui : « Les forces de l’ennemi. » N’asemblereit jamais Carles si grant esforz, 599. Païen unt grant esforz, 1049. Cf. 3218. ═ 2° La locution adverbiale : ad esforz, signifie « avec élan, avec emportement, rapidement » : Sun cheval brochet, laiset curre a esforz, 1197. Sun ceval brochet, si li curt ad esforz, 1539.

ESFRÉED (fut). Verbe pass. parf., 3e p. s., avec un s. s. m. Fut épouvanté (Ex-frigidatus fuit) : Li reis Marsilies en fut mult esfréed, 438. V. le suivant.

ESFRÉEDEMENT. Adverbe. Avec effroi (Ex-frigidata-mente) : A l’ Amiraill en vunt esfréedement, 2767. Mü. a rectifié ce vers avec raison, et imprimé : A l’ Amiraill en vunt (tut) esfréed.

ESGUARDET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Regarde (Ex, latin, et warten, germ., veiller sur ; ex-wardiat) : Uns Sarrazins tute veie l’esguardet, 2274, 3e p. p. : esguardent, 285, 3882.

ESGUARET (est). Verbe pass., 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. Est égaré, fou (du germ., waran : prendre garde, même racine que le mot précédent) : E(n) lui meïsme en est mult esguaret, 1036. — Part. pass., s. s. m. : esguaret, 1036.

ESGRUIGNET. V. le suivant.

ESGRUNIE. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés., 2303 : Cruist li acers, ne briset ne n’esgrunie. Mais il faut remarquer que le couplet où se trouve ce vers est en an, ain féminin, et que, par conséquent, il faudrait restituer, d’après le manuscrit de Venise : Cruist li acers, ne briset, ne n’esgraniet. Or l’étymologie de ce dernier mot n’est pas difficile. Il y aurait là un composé d’ex et de granum. Mais ce verbe n’est-il pas lui-même imaginé par l’assonance ? Dans le couplet précédent (qui est en u féminin), le même vocable a reçu une autre forme : Cruist li acers, ne freint ne n’esgrugniet, 2302. Et, d’un autre côté, F. Michel cite de nombreux exemples d’esgrunie. (Glossaire du Roland, p. 184.)

ESLAIS. R. s. m. Faire sun eslais, c’était, pour le jeune bachelier qui venait d’être armé chevalier, faire faire à son cheval un temps de galop sous les yeux de tous ceux qui avaient assisté à son adoubement. Dans le Roland, cette locution est employée d’une façon plus générale. Laschet la resne, mult suvent l’esperonet, — Fait sun eslais veant cent milie humes, 2996, 2997. Fait sun eslais, si tressalt un fosset, 3166. Ce mot eslais est le substantif verbal de eslaisser (ex-laxare).

ESLEGER. Verbe act. et neut. Payer. (Ex-levare [??]. Levare a le même sens que pacare, lequel nous a donné payer.) Mais as espées l’estuverat esleger, 1151. ═ Au passif. Subj. prés., 3e p. s. : Que as espées ne seit einz eslegiet, 759. — Part. s. n. : eslegiet, 759. ═ Ce mot se trouve en assonance dans une laisse en ier. La forme correcte est donc eslegier.

ESLISENT. Verbe act.. 3e p. p. de