Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
ESCAPET — ESCLACES

ESCAPET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. Échappe (Ex-cappat ; du lat. cappa, manteau, suivant Diez et Littré ?) : [S]’uns en escapet, morz ies, 3955.

ESCARBUNCLE. R. s. m. Escarboucle (Carbunculus), 1488, 2589. Cf. la forme carbuncle, 1326, 1662, 2633, 2643. — Escarboucle est aujourd’hui féminin ; mais, d’après le v. 1326 (L’elme li freint u li carbuncle luisent), on peut affirmer qu’il fut d’abord masculin. ═ Aux vers 2633 et 2643, on constate une croyance étrange du moyen-âge : nos pères croyaient que l’escarboucle luisait dans les ténèbres, au point de remplacer aisément toute autre lumière. V. Littré, au mot Escarboucle.

ESCARBUNET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. Sortir, jaillir du charbon (Ex-carbonare, de carbo) : Des helmes clers li fous en escarbunet, 3586.

ESCHANGE. R. s. (Excambium.) Rem. les expr. « duner eschange » : Jo t’en durai mult esforcet eschange, 3714 ; et « prendre eschange » : De Munjoie iloec out pris eschange, 3095. Cf. Escange, 840.

ESCHEC, ESCHECH. R. s. m. Butin. (Haut allem. : schâh, schach, butin. On a pu proposer un subst. verbal d’excadere, « ce qui tombe en partage », comme dans eschecte, succession. Mais cette origine n’explique point le c final d’eschec.) Mult grant eschech (ou eschec) en unt si chevaler, 99, 2478. Encoi averum un eschec bel e gent, 1167.

ESCHECS. R. p. Jeu d’échecs. (Du pers. schah., roi. Gachet défend sans succès l’origine germanique, schach, butin.) As tables juent... e as eschecs, 111, 112.

ESCHELE. S. s. f. Bataillon, corps d’armée (Germ. schaar, troupe ?), 3084. — R. s. f. : eschele, 3045, 3068. — S. p. f. : escheles, 3026, 3291. — R. p. f. : escheles, 1034, 1451, et eschieles, 3024. Cette dernière forme nous paraît la vraie, à cause des vers 3026-3034, où nous sommes tentés de voir une laisse féminine en ier.

ESCHEWID. R. s. Svelte, allongé. (Anc. haut allem. scafjan, ordonner, façonner, suivant Diez. — Eschievi, achevé, suivant Roquefort ??.) Heingre out le cors e graisle e eschewid, 3820. Ce vers semble donner raison à l’étymologie de Diez.

ESCHIEZ. R. p. m. Esquifs (haut allem. skif) : Eschiez e barges e galies e nefs, 3625. Eschiez e barges e galées curanz, 2729.

ESCHINE. R. s. f. La colonne vertébrale, l’épine dorsale (haut allem. skina, épine) : Tute l’eschine li deseveret del’ dos, 1201. Cf. 1333, 1654. — R. p. f. : eschines, 1612, 3222. Le mot s’emploie fort naturellement pour le cheval comme pour l’homme. V. 1654.

ESCHIPRE. R. s. m. Marinier (Schippulam, du haut allem. skif) : N’i ad eschipre qui s’cleimt se par loi nun, 1522.

ESCHIVERUNT. Verbe act. fut., 3e p. p. Éviteront (haut allem. skiuhan, allem. scheuen, avoir peur) : Ja pur murir n’eschiverunt bataille, 1096.

ESCICLES. V. Esclices.

ESCIENT. R. s. Se trouve uniquement dans cette locution : Men escient, 524, ou Par le mien escient, 1936. (Vient du mot sciens, qui s’employait dans le même sens en latin.)

ESCIENTRE. R. s. Même origine, même sens que le précédent dans une locution toute semblable : Men escientre, 539, 552. Par le men escientre, 1791. Cf. 756, 2073.

ESCLACES. S. p. (Génin regarde esclaces comme le même mot qu’esclices, avec la signification de « jets de sang ». Bartsch traduit par « gouttes ». L’étymologie et le sens sont très-douteux.) Encuntre tere en chéent les esclaces, 1981. (V. Diez, Lex Étym.) Cf. Esclices.