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NOTES ET VARIANTES, VERS 96

lin, Mss. fr., n° 130, prem. moitié du xve siècle) ajoutent quelques traits, plus anciens sans doute, à la Berte d’Adenès, qui cependant avait été composée vers l’an 1275. ═ La « Chronique de Weihenstephan » (xive siècle), précédée ici par le Karl de Stricker (vers 1230), nous montre Berte se faisant plus rapidement reconnaître par Pépin et le petit Charles élevé comme le fils d’un meunier. ═ Enfin la Chronica Bremensis de Wolter, du xve siècle, peu soucieuse de la dignité de Berte, la fait passer une nuit, dans la cabane d’un paysan, avec Pépin, qui ne l’a pas encore reconnue. (V. G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 228.) ═ En résumé, l’on n’a pensé que fort tard à la mère de Charles, et la légende de son fils était presque achevée, lorsqu’on songea à composer la sienne avec de vieilles histoires, celles-là même qu’on mit plus tard sur le compte de Geneviève de Brabant. Ce travail n’était pas encore commencé quand fut écrite la Chanson de Roland. ═ Pour l’enfance du grand Empereur, la légende est également de formation très-récente. On n’en trouve aucune trace avant la « Chronique de Turpin ». (La rédaction est de 1109-1119, sauf les cinq premiers chapitres.) Les Enfances-Charlemagne de Venise (2e branche du Charlemagne, Mss. français, n° xiii, comm. du xiiie siècle) sont le premier document poétique où l’on fasse enfin de l’enfance du fils de Pépin le sujet d’un « récit à part ». Mais c’est Girart d’Amiens qui a donné à ces fables le plus de corps dans son Charlemagne, poëme très-médiocre du commencement du xive siècle. (B. N. 778, f° 22, v°. — 169, r°.) Les enfances de notre héros, d’après le Charlemagne de Venise et le poëme de Girart d’Amiens, sont faciles à résumer... « Donc, Berte est reconnue comme reine et devient mère de Charlemagne. Mais Pépin avait eu deux enfants de la fausse Berte, d’Aliste : Heudri et Lanfroi ne rêvent que de supplanter le jeune Charles. (Ms. 778, f° 23, r° — 24, r°.) Ils essaient de l’empoisonner, et le mari de Gilain, de cette sœur de Charles, est forcé d’emmener l’enfant en Anjou. Les deux traîtres, peu satisfaits de cette fuite, calomnient le jeune Charles et lui enlèvent toute sa popularité ; puis ils l’attirent à Reims, sous prétexte de l’y faire couronner. (Ibid., f° 24, v°.) Une lutte s’engage dans la salle même du banquet ; le fils légitime de Pépin insulte les bâtards et se refuse à les servir ; on l’arrache à grand’peine à leur fureur (Ibid., f° 27, v° — 28, r°.) Un serviteur fidèle, David, se charge alors de sauver « l’hoir de France ». Ils s’enfuient tous deux du côté de l’Espagne, traversent la Navarre, franchissent les Pyrénées, et, pleins d’effroi, ne s’arrêtent point jusqu’à Tolède. C’est là, c’est parmi les païens que va s’écouler l’enfance de Charles. (Ibid., f° 28, r° — 30, r°.) Pour se mieux cacher, l’enfant prend le nom de « Mainet », si fameux dans toute notre légende. Il se met au service du roi païen Galafre (Ibid., f° 30, 31) et,