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NOTES ET VARIANTES

Elle est très-longuement développée dans le manuscrit de l’Arsenal, B. L. F., 226. (Voy. nos Épopées françaises, II, 527 et ss.) Elle est adoptée par les auteurs du Tristan de Nanteuil (xive s.) et de la Chronique du manuscrit 5003 (achevé vers 1380). L’Hystoria de la reyna Sibilla a été imprimée plusieurs fois en Espagne. (À Séville, en 1532 ; à Burgos, en 1551, etc.) Des livres populaires ont répandu cette même version dans les Pays-Bas. (1500-1644, à Anvers, chez Worsterman, etc.) — M. Guessard, dans sa belle préface de Macaire, a d’ailleurs suivi jusqu’en ses plus petits détails les destinées de cette légende, depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours. ═ Dans Huon de Bordeaux, Charlemagne ne paraît guère que comme un accessoire, et, à coup sûr, comme un personnage secondaire. Au début de son œuvre, l’auteur nous représente l’Empereur comme un vieillard tout près de la mort. Même il est tellement épuisé par l’âge, qu’il veut se faire élire un successeur. Par malheur, il n’a qu’un fils qu’il engendra à cent ans. C’est Charlot, c’est un étourdi de vingt-cinq ans. Le vieux roi veut du moins lui donner ses derniers conseils, et il les lui donne très-religieux, très-beaux. (Huon de Bordeaux, poëme composé entre les années 1180 et 1200, v. 29-199.) Là-dessus arrive un traître, Amaury, qui soulève la colère du vieil empereur contre Huon et Gérard, fils du duc Seguin de Bordeaux. Dans ce conseil perce la haine personnelle d’Amaury, que Seguin a jadis plus ou moins justement appauvri et dépouillé. Mais Naimes est là, et il défend les Bordelais. On envoie un message à Huon et à Gérard ; on leur mande de venir à la cour de Charlemagne. (Ibid., vers 200-392.) Ils se mettent en route, mais sont forcés de franchir mille obstacles accumulés par les traîtres ; Huon doit en venir aux mains avec le propre fils du Roi, avec Charlot, et il le tue. (Ibid., vers 393-890.) Grande colère de Charles contre le meurtrier de son fils : Huon est condamné à un combat singulier avec le traître Amaury. Il tranche la tête du misérable, et le jugement de Dieu se prononce en sa faveur. (Ibid., v. 891-2129.) Malgré tout, Charles ne veut point pardonner au vainqueur, et il faut que les Pairs menacent de le quitter pour qu’il se décide enfin à accorder à Huon une paix dont il se réserve de dicter les conditions. Il est ordonné au jeune Bordelais d’aller à Babylone porter un message à l’amiral Gaudisse, etc. etc. Huon part sur-le-champ, et court à ses aventures. (Ibid., vers 2130-2386.) Nous n’avons pas à les raconter ici, ni à faire suivre à notre lecteur les péripéties de l’amitié d’Huon avec le nain Oberon. (Ibid., vers 2387-8647.) Huon revient en France, et il y trouve son propre héritage occupé par son frère Gérard. (Ibid., v. 8648-9110.) Charlemagne est encore vivant, et la cause des deux frères ennemis est portée devant sa cour. Huon est très-injustement condamné à mort, et va périr, lorsque Oberon arrive à son secours et le sauve.