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NOTES ET VARIANTES

Ensuite il s’en retourna en France. Là vint à lui Boldevin, fils de sa sœur. L’Empereur fut content de sa venue, car c’était un bon chrétien et guerrier. L’Empereur reçut aussi une lettre : « La reine Sibilla et son fils Justam étaient venus en Saxe avec cent mille hommes. » L’Empereur réunit son armée, et lui donna pour chefs Boldevin, Olger le Danois et Namlun. Ils marchèrent contre la reine Sibilla et arrivèrent à l’improviste dans son camp pendant la nuit ; ils renversèrent les païens et prirent là bon nombre de leurs chefs ; Boldevin en personne s’empara de la reine Sibilla. Mais son fils Justam accourut au secours avec un certain nombre d’hommes, et s’écria : « En avant vaillamment ! je n’ai plus peur d’aucun chevalier ni combattant, depuis que Roland est mort. » Ils combattirent tout le long du jour. Enfin Justam fut pris et tous ses gens tués. L’Empereur fit baptiser la reine Sibilla et la donna à Boldevin, et il le fit roi sur toute la Saxe. Et l’Empereur retourna en France, et, pendant quelques années encore, régna en paix.


Nous avons résumé plus haut (V. la note du vers 96) toute la « Légende de Charles antérieure à la mort de Roland ». Il nous reste à poursuivre ici ce résumé jusqu’à la mort de Charles lui-même. Notre lecteur aura de la sorte un abrégé de toutes nos Chansons de geste, et toute une Histoire poétique du grand empereur avant, pendant et après le désastre de Roncevaux... ═ Celui qui avait vengé la mort de Roland, le vainqueur de Pinabel, Thierry, au moment de son combat contre le champion de Ganelon, avait vu un geai se poser miraculeusement sur son heaume. De là le nom de « Gaydon », qui resta désormais à Thierry. C’est ce Gaydon qui va continuer Roland ; c’est aussi contre lui que toute la famille de Ganelon va se liguer. Les traîtres essayent d’assassiner l’empereur Charlemagne, et accusent Gaydon de ce crime. Par bonheur, le complot est déjoué. Un nouveau duel est décidé entre Gaydon et le chef des traîtres, Thibaut d’Aspremont. Dieu prononce une seconde fois en faveur de Gaydon : Thibaut meurt. (Gaydon, poëme du commencement du xiiie siècle, v. 1-1790.) — Charles cependant se laisse encore séduire par la race de Ganelon, et Gaydon est disgracié. Une terrible guerre éclate alors entre l’Empereur et Gaydon. Celui-ci a pour auxiliaire un petit noble campagnard, un vavasseur du nom de Gautier, qui s’illustre par cent exploits admirables. (V. 1791-2468.) Gaydon, d’ailleurs, a dans son armée tous les jeunes chevaliers dont les pères combattent à côté de Charlemagne. Après des péripéties nombreuses et compliquées (v. 2469-9677), Charles essaye, mais en vain, de pénétrer dans Angers, qui est le boulevard de son