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NOTES ET VARIANTES

Gealwer, et qu’il fut tué par Ogier le Danois. » (G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, p. 277.)

Vers 3996.Reis. O. Pour le cas sujet, rei. ═ Succuras. O. Pour le futur, succurras.

Vers 4002.Ci falt la geste que Turoldus declinet. V. les p. lxv et suivantes de notre Introduction.


Nous avons eu soin d’indiquer, dans le courant de ces notes, toutes les différences qui séparent de notre texte la Karlamagnus Saga d’une part, et, de l’autre, la Keiser Karl Magnus’s Kronike. Nous allons donner ici, pour la première fois, la traduction partielle de la Saga du xiiie siècle, et la traduction totale de la Keiser Karl Magnus’s Kronike, œuvre danoise du xve siècle. Il ne nous a pas paru nécessaire de traduire la première partie de la compilation islandaise. C’est aux chapitres i-xxxvi que se rapportent, en effet, ces mots de M. G. Paris : « Le texte islandais se rapproche tellement du poëme français que l’analyse serait peu intéressante... Les différences sont assez faibles pour que la comparaison puisse être poursuivie presque vers par vers. » D’ailleurs la Keiser Karl Magnus’s Kronike est un abrégé fidèle de la Saga et a été faite d’après le même texte.


I. — Traduction de la Karlamagnus Saga. (Ch. xxxvii-xli.)


Chap. xxxvii. — Peu après, le roi Karlamagnus vint à Runzival. Il n’y pourrait jamais chevaucher une seule aune en long, un seul pied en travers sans trouver quelque corps de païen ou de chrétien. Et il s’écria à haute voix : « Où es-tu, Rollant ? Où est Oliver et Turpin l’archevêque ? Où êtes-vous, les douze Pairs, que j’avais postés derrière moi pour garder le pays, et que j’aimais tant ? » Le roi Karlamagnus déchirait ses vêtements, tirait sa barbe : accablé de douleur, il tomba de cheval. Et il n’y eut pas là un seul homme qui ne versât des larmes pour un sien ami. Le duc Nemes ressentit cet événement. aussi vivement que tout autre ; cependant il s’approcha du Roi : « Levez-vous, lui dit-il, et regardez devant vous à deux milles de distance. Vous devez voir la poussière (mot à mot, la fumée) des chevaux de ces païens qui étaient ici. Or il serait plus digne d’hommes de venger nos amis que de nous désoler devant des morts. » Le roi Karlamagnus répond ainsi : « Ils sont loin maintenant. Cependant, je vous prie, suivez-moi. » Puis il laissa trois comtes à Runzival pour garder le champ de bataille ; ils se nommaient Begun, Hatun et Melun, et dix mille chevaliers avec eux. Ensuite le Roi fit souffler dans ses trompes, et chevaucha en hâte après les païens. Et il s’approchait rudement. Mais comme il [commençait à] faire nuit sur eux, le roi