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NOTES ET VARIANTES, VERS 3734-3735

tuumque mei socialis fedus amoris. Le monument de Saint-Faron est du xie-xiie siècle.

Vers 3734.Repairet. O. Pour le cas sujet, repairiez. ═ Le procès de Ganelon est raconté en quelques lignes seulement par la Karlamagnus Saga (ch. xli) et la Keiser Karl Magnus’s Kronike. D’après ce dernier texte : « Le jugement fut que le comte Ganelon devait être traîné par toute la France. Ce qui fut fait ; en sorte que pas un os ne resta à côté de l’autre dans tout son corps. »

Vers 3735 et suiv. — Sur le procès de Ganelon, qui commence à ce vers, nous allons reproduire quelques pages de notre Idée politique dans les Chansons de geste. (Revue des questions historiques, 1869, pp. 101 et suivantes.) « Que nos Épopées françaises soient d’origine germanique ; qu’elles soient barbares par leurs héros, par leur action, par leur esprit, c’est ce qui a été déjà démontré plusieurs fois. Et néanmoins il semble que la plus forte démonstration n’ait pas encore été donnée. Il reste, en effet, à prouver le germanisme de nos Épopées par le germanisme de la procédure qui est exposée dans ces poëmes.

« Or, dans cette procédure, rien de romain ; rien qui, de près ou de loin, porte la trace de la législation romaine ou du droit canonique. Tout est emprunté aux lois barbares. Le procès de Ganelon suffit à le démontrer. Nous suivrons avec soin toute la marche de cette procédure criminelle et politique, la plus ancienne que nous rencontrions dans nos Chansons de geste. Et nous n’aurons pas de peine à établir, par une comparaison attentive, que chacun des vers de notre poëme se rapporte à quelque titre des lois germaines.

« Il semble que dans ce Drame intitulé : Le Procès de Ganelon, on puisse distinguer sept « Actes » ou sept « Tableaux », s’il est permis de se servir d’une expression aussi moderne à l’occasion d’un poëme aussi antique. Ces sept Actes pourraient recevoir les titres suivants : la Torture, — le Plaid royal, — le Duel, — les Champions, — la Messe du Jugement, — la Mort des Otages, — le Supplice de Ganelon. Et, pour chacun de ces sept Tableaux, nous avons sept familles de textes empruntés aux législations barbares…

« La belle Aude vient de mourir. Charlemagne, les yeux pleins de larmes, se retourne avec plus de fureur du côté de Ganelon et se promet de donner au supplice du traître un éclat plus terrible encore. Et d’abord des serfs s’emparent de Ganelon, qui est tout chargé de fers : « Ganelon, le traître, tout enchaîné, — est dans la cité devant le palais. — Les serfs l’attachent à un poteau, — lui lient les mains avec des courroies en cuir de cerf, — et le battent à coups de bâton et de corde… » Ce supplice est d’origine purement germanique. « Les coups de discipline, dit Davoud-Oglou (Histoire de la législation des an-