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NOTES ET VARIANTES, VERS 20

commençait déjà à s’altérer, comme la règle de l’s. Ainsi l’on trouve grandes (vers 281 et 3656), au lieu de granz ; quele (vers 395, 927), au lieu de quel, etc.

Derumpet. Le manuscrit porte derupet.

Vers 20.Cume. Dans le texte de la Bodléienne, cume et cum sont distincts. Cume (sauf une seule exception, où l’erreur est évidente v. 765), ne s’emploie jamais avec un verbe, mais avec un substantif, un pronom ou un adjectif : Karles chevalchet cume fols (v. 3234) ; Cume celui ki ben faire le set (v. 427) ; Neirs cume peiz (v. 1625) ; Cume vassal i fiert (v. 1870), etc. etc. — Cum a quelquefois le même sens : Altresi cum un urs (v. 1827), et, dans ce cas, vient également de quomodo. Mais il s’emploie presque toujours avec un verbe : Issi seit cum vos plaist (v. 606) ; Faites la guere cum vos l’avez enprise (v. 210), etc. Il est d’autres cas où cum ne me semble pas dériver de quomodo : Cum jo serai à Loün en ma chambre (v. 2910) ; Cum jo serai à Eis en ma chapele (v. 2917), etc. C’est évidemment le sens de quum latin. Toutes ces distinctions nous paraissent très-nettes.

Hume. C’est ici un sujet pluriel, venant d’homines. Or, il y a hume et non pas humes. Il en est de même pour presque tous les sujets pluriels des Noms et Adjectifs masculins de la 3e déclinaison. Bien qu’ayant une s en latin, ils n’en prennent pas en français. Il importait sans doute de bien distinguer le cas sujet du cas régime : de là cette suppression de l’s étymologique. ═ Donc, en notre manuscrit, nous trouvons home et hume (v. 377, etc.) ; duc (v. 378) ; cunte (v. 378, 577, etc.) ; grant (v. 1830, etc.) ; parent (v. 1063, 1075, 3933) ; meillor (v. 449, 451) ; plusur, plusor (v. 995, 1434, etc.) ; barun (v. 2415) ; dragun (v. 2543) ; felun (v. 3814), traïtur (v. 942), dolent (v. 1608), sans parler des innombrables adjectifs verbaux et participes en ant. ═ Il y a cependant, dans notre texte, un nombre assez considérable d’exceptions à cette règle : Honurs (v. 3181) ; reis (v. 2649) ; martirs (v. 1134) ; serpenz (v. 2543) ; leuns (v. 1888) ; serjanz (v. 3967) ; cuntes (v. 2820) ; gentilz (377) ; granz (v. 2630) ; parenz (v. 3448) ; dolenz (v. 1813), sans parler ici du mot grailles, qui est douteux. ═ Mais enfin la règle s’est généralisée, et M. de Wailly la constate à toutes les pages de son Glossaire de Joinville. C’est sans doute par erreur que, dans sa Grammaire historique de la langue française (p. 148), M. Brachet a indiqué que pastores, au cas sujet comme au cas régime, donnait en français du moyen âge : pasteurs. C’est évidemment un lapsus.

═ La déclinaison de hom dans notre texte est la suivante, qui est contredite en très-peu de cas : Cas sujet : hom ou hum ; cas régime : home ou hume. Et, au pluriel : Cas sujet : home, hume ; cas régime : homes,