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NOTES ET VARIANTES, VERS 3630

les textes de Versailles et de Venise IV, on ne commet point cette faute. Les rajeunisseurs y parlent bien de Charles pleurant à Roncevaux sur le corps de son neveu, etc. ; mais du moins ils ont eu soin de ne pas nous faire une première fois ce récit. Ces manuscrits ne renferment aucun couplet qui corresponde à nos vers 2855 et suivants. Ils ne se répètent pas ; ils attestent plus de soin et sont, à ce point de vue, meilleurs que le texte de Paris. — 5° À partir de notre vers 3680, tous les Remaniements, — Venise IV (en ne tenant pas compte de la légende d’Aimeri de Narbonne), Paris, Versailles, Venise VII et Lyon, — nous offrent la même affabulation, que nous allons faire connaître à nos lecteurs. Il s’agit ici d’épisodes tout nouveaux et qui ne se trouvent pas dans le texte primitif. Et cela est si vrai, que le manuscrit de Paris présente en cet endroit une disposition particulière : la grande lettre qui commence le couplet : Grans fu li diaus la nuit à Ronsevauls, est là pour indiquer une branche nouvelle. Résumons cette branche... Charles est à Roncevaux, qui se pâme de douleur devant le corps inanimé de Roland. Il fait ensevelir son neveu, il maudit Ganelon. Prières interminables. (Couplets 330-336 du texte de Paris, éd. F. Michel.) On enterre les Français morts dans la grande bataille. Les Anges chantent, une lumière divine éclate, des arbres verts sortent miraculeusement de chaque tombe. (337.) Charles passe alors les défilés pyrénéens : il s’arrête à Saint-Jean-Pied-de-Port, où il fonde un moutier. (338, 339.) L’Empereur ordonne ensuite à Girart d’Orléans, à Guion de Saint-Omer et à Geoffroi d’Anjou de se rendre en message auprès de Girart de Viane pour le prier de venir le rejoindre et de lui amener la belle Aude. (339.) Puis il envoie Bazin le Bourguignon, Garnier d’Auvergne, Guyon et Milon dans la cité de Mâcon, à sa propre sœur Gilles : ils sont chargés de la conduire à l’Empereur. (340, 341.) Les messagers partent : Charles s’avance en France. Il arrive à Sorgues (à Sorges, dit le manuscrit). C’est là que Ganelon s’échappe une première fois sur le destrier de Garin de Montsaor : il se dirige vers Toulouse, ou « Chastel-Monroil », ou Saragosse. Deux mille Français se jettent à sa poursuite ; le plus ardent est Othes. (342-344.) Ganelon rencontre des marchands qu’il trompe et qui trompent Othes sur la distance qui le sépare du fugitif. (345.) Il arrive par là que les Français se présentent devant l’Empereur sans s’être emparés de Ganelon. Colère de Charles. (346.) Un paysan indique à Othes la retraite de Ganelon. Le traître s’est endormi sous un arbre. (347, 348.) Le bon cheval de Ganelon éveille son maître. Combat entre Ganelon et Othes. Ils luttent d’abord à pied. Puis le beau-père de Roland propose à Othes de combattre en vrais chevaliers, à cheval. Le traître s’élance sur le cheval de son adversaire et s’enfuit. (349-354.) Othes se remet à la poursuite de Ganelon. Dieu fait un