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NOTES ET VARIANTES, VERS 2500-2501

Vers 2500.Laciet. O. La forme lacet se trouve au vers 212. ═ Elme. O. V. la note du vers 996. ═ A or. O. V. la note du vers 2491. ═ Gemmet. O. Pour le cas sujet, il faut gemmez.

Vers 2501.Unches. O. V. la note du vers 629. ═ Joiuse. — Nous allons résumer, en quelques propositions brèves, l’histoire de l’épée Joyeuse. a. D’après Fierabras (vers 654-657), l’épée Joyeuse est l’œuvre de ce fameux forgeron Veland, qui, d’après le Chevalier au Cygne, Doon de Mayence, Huon de Bordeaux, etc., avait aussi forgé Durendal ; Floberge, l’épée de Renaud ; Hauteclere, l’épée d’Olivier ; Courtain, l’épée d’Ogier ; Merveilleuse, l’épée de Doon, etc. (Cf. Veland le Forgeron, Dissertation sur une tradition du moyen âge, par Depping et F. Michel, pp. 32-46 et 80-95.) ═ b. D’après le Charlemagne de Girart d’Amiens (B. N. 778, f° 35 r° B.), l’épée Joyeuse aurait d’abord appartenu à Pépin. Ses deux bâtards, Heudri et Lanfroi, s’en étaient d’abord emparés ; mais elle fut rendue à Charles, après ses premiers exploits chez le roi Galafre (B. N. 778, f° 35 r° B.), alors qu’il venait de tuer Braimant et allait être adoubé chevalier. ═ c. Cette version est loin d’être adoptée par tous les légendaires. D’après la Cronica general de España d’Alfonse X, ce fut Galienne qui donna au jeune Charles l’épée Giosa, et elle lui avait été donnée à elle-même par le Sarrazin Braimant. Aussi, lorsque Charles engagea cette lutte terrible contre l’émir, se servit-il de Joyeuse pour conquérir Durendal : car Braimant possédait alors la fameuse « Durendarte », et il en porta tout d’abord un rude coup à son jeune adversaire. Mais Charles ne se déconcerta point et coupa, d’un coup de Joyeuse, le bras droit du païen, qui prit la fuite. « Et l’enfant Charles descendit de cheval, et prit l’épée Durendal qui gisait à terre ; puis, il suivit Braimant avec les deux épées dans les mains, » et le tua. (V. l’Histoire poét. de Charlemagne, p. 237.) ═ d. Quoi qu’il en soit, Charles portait Joyeuse à son côté, quand il fit ce fameux voyage à Constantinople, dont la Karlamagnus Saga nous a conservé un récit simple et primitif (indépendamment de sa 8e branche, où elle reproduit le Voyage en vers français qui est parvenu jusqu’à nous). À la suite d’un vœu qu’il avait fait, l’empereur des Francs entreprend un pèlerinage à Jérusalem : à son retour, il passe par Constantinople et délivre le roi grec des païens envahisseurs. Celui-ci, pour lui témoigner sa reconnaissance, lui offre les reliques de la Passion, et notamment le fer de la lance dont Notre-Seigneur avait été percé sur la croix. (Bibl. de l’École des Chartes, XXV, 102, Analyse de la Karlamagnus Saga, par G. Paris.) Et c’est alors que Charles mit cette très-précieuse relique dans le pommeau de son épée. ═ e. C’est alors aussi (suivant la Karlamagnus Saga, l. I. et la Chanson de Roland, v. 2508) qu’il donna à son épée le nom de Joyeuse. (Giovise, dans la Saga ; Joiuse, dans le