Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
NOTES ET VARIANTES, VERS 994

semble : Heaumes lacés (vers 712, 1042, 3086), etc. Et quand Roland va porter secours à l’archevêque Turpin : Sun elme à or li deslaçat de l’ chef. (Vers 2170.) Tout au contraire, quand les héros s’arment pour la bataille, lacent lur helmes (vers 2989), etc. ═ Où étaient ces lacs, qui sans doute étaient des liens de cuir passant d’une part dans une maille du haubert, et de l’autre dans quelques trous pratiqués au cercle ? La question est assez difficile à résoudre, même d’après les monuments figurés. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il y en avait un certain nombre. Naimes reçoit de Canabeu un coup terrible qui lui tranche cinq lacs de son heaume. Tout le passage est digne d’attention : Si fiert Naimun en l’elme principal, — A l’ brant d’acer l’en trenchet cinq des laz. — Li capelers un dener ne li valt ; — Trenchet la coife entresque à la char. (Vers 3432 et suivants.) Le capelers et la coife, c’est le capuchon du haubert, c’est le capuchon de mailles que l’on portait sous le heaume. On comprend aisément que pour ajuster un casque de fer sur un bonnet de mailles, il était absolument nécessaire de l’attacher. ═ Les heaumes de Saragosse sont renommés. (Vers 996.) Est-ce pour la qualité de leur acier ? Au xvie siècle, Rabelais, comme nous l’avons dit, parle encore d’un poignart sarragossoys. (Gargantua, I, 8.) ═ 2° Le haubert, c’est le vêtement de mailles, la tunique de mailles, la chemise de mailles. Sous le haubert on porte le blialt. Quand Roland porte secours à l’archevêque Turpin : Si li tolit le blanc osberc leger. — Puis, sun blialt li ad tut detrenchet, — En ses granz plaies les pans li ad butet (vers 2172), etc.

Et c’est ce qui est encore mieux expliqué par ces vers de Huon de Bordeaux : Li autre l’ont maintenant desarmé — De l’dos li ostent le bon osberc saffré ; — Ens el bliaut est Hues demorés. (Barstch, Chrestomathie française, 56, 31.) ═ Pour le haubert, il s’appelle dans notre poëme brunie ou osberc. Quelquefois, il est vrai, brunie paraît avoir un sens distinct : Osbercs vestuz et lur brunies dubleines. (Vers 3088.) Mais la synonymie est presque partout évidente. ═ À l’origine, la brunie paraît avoir été une sorte de « cuirasse de cuir » sur laquelle on avait cousu un certain nombre de plaques métalliques. Mais au lieu de plaques, ce furent quelquefois des anneaux cousus sur l’étoffe (voy. p.-e. la fig 7), et de plus en plus rapprochés les uns des autres. De là au vêtement de mailles il n’y a pas loin. ═ Suivant un autre système, les Sarrazins auraient possédé