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NOTES ET VARIANTES, VERS 994

Roland sur le champ de bataille, les hordes sauvages qui l’attaquent lui jettent des darz, des wigres, des muzeraz, des agiez, des giesers...

(Vers 2074, 2075, 2155.) Il s’agit ici de flèches de différentes espèces. Ce ne sont pas là, entendons-le bien, les armes régulières, même des païens, et, encore un coup, il n’y en a point d’autres que la lance et l’épée. — Mais arrivons aux armes défensives. ═ Les trois pièces principales de l’armure défensive sont le heaume, le haubert et l’écu. (V. la fig. 5.) 1° Le heaume est l’armure qui, concurremment avec le capuchon du haubert, est destiné à protéger la tête du chevalier. D’après les monuments figurés,

le heaume (V. la fig. 6) se compose essentiellement de trois parties : la calotte de fer, le cercle, le nasal ou nasel. Cette dernière partie est la seule qui, dans notre poëme, soit nommée par son nom ; mais il est implicitement question des autres. ═ La calotte est pointue : Sur l’elme à or agut. (Vers 1954.) Comme tout le heaume, elle est en acier : Helmes d’acer. (Vers 3888.) Cet acier est bruni (vers 3603), et l’épithète que l’on donne le plus souvent au heaume est celle de cler (vers 3274, 3586, 3805) ou flambius. (1022.) Il faut croire que cet acier était souvent doré : c’est du moins la manière d’expliquer les mots de helmes à or (vers 3911 et 1954), à moins qu’il ne s’agisse uniquement ici que des richesses du cercle. ═ Le cercle ? On ne trouve pas ce mot dans notre poëme ; mais c’est du cercle sans doute qu’il est question dans ces vers où l’on montre le heaume semé de pierres fines, de pierres gemmées d’or, de perles gemmées d’or (de perles, c’est-à-dire de verroteries) : L’elme li freint o li gemmes reflambent (vers 3616), L’elme li freint ù li carbuncle luisent (vers 1326) ; Luisent cil elme as pierres d’or gemmées (vers 1452 et 3306), etc. ═ Enfin le nasel est clairement et nominativement indiqué par ces vers : Tut li detrenchet d’ici que à l’ nasel (vers 1996), Tresque à l’ nasel li ad freint e fendut (vers 3927), etc. Le « nasel » était une pièce de fer quadrangulaire, ou d’autres formes (V. la fig. 5), destinée à protéger le nez. L’effet en était disgracieux autant que l’emploi en était utile. ═ Une particularité qui est indiquée très-nettement, qui est vingt et cent fois attestée dans notre Chanson, c’est la manière dont le heaume était fermé, attaché sur la tête, ou plutôt sur le capeler, sur le capuchon de mailles. Ces deux mots vont souvent en-