Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
NOTES ET VARIANTES, VERS 994

Ce gonfanon est de différentes couleurs. Ceux des Français, comme ceux des Sarrazins, sont blancs e vermeilz e blois. (Vers 999 et 1800.) Le gonfanon de Roland est tout blanc (laciet en sum, un gunfanun tut blanc) ; celui de Naimes est jaune (vers 3427), etc. ═ Les enseignes sont quelquefois dorées : Cil oret gonfanun (vers 1811), c’est-à-dire sans doute brodées ou frangées d’or. Quelques-unes (celles des Pairs et des hauts barons) ont, en effet, des franges d’or qui descendent jusqu’aux mains du cavalier : Les renges d’or li batent jusqu’as mains. (Vers 1057.)

Telle est l’enseigne blanche de Roland. Du reste, les gonfanons tombent jusqu’aux heaumes : Cil gonfanun sur les helmes lur pendent. (Vers 3006.) ═ Le gonfanon est presque toujours à pans, c’est-à-dire à langues. (V. les fig. 2, 3, 4. cf. le vers 1228, etc. etc.) Quand on enfonce la lance dans le corps d’un ennemi, on y enfonce en même temps les pans du gonfanon (vers 1228) : El cors li met tute l’enseigne (vers 3427) ; Tute l’enseigne li ad enz el cors mise. (Vers 3363.) ═ Ces petits gonfanons ne doivent pas être confondus avec la grande Enseigne, avec le Drapeau de l’armée. Geoffroi d’Anjou est le gonfalonier du Roi. (Vers 106.) C’est lui qui porte l’orie flambe : Gefreid d’Anjou, portet l’orie flambe. — Seint Pere fut, si aveit nun Romaine ; — Mais de Munjoie iloec out pris eschange. (Vers 3093, 3095.) Ce texte est confirmé par plusieurs de nos autres romans, qui représentent Roland comme l’Avoué de l’Église romaine. (V. l’Entrée en Espagne.) Quant aux Sarrazins, ils font porter en tête de leur armée le Dragon de leur émir, l’étendard de Tervagant et de Mahomet, avec une image d’Apollin. (Vers 3268, 3550, etc.) En outre, Amboires d’Oluferne porte « l’enseigne de l’armée païenne » : Preciuse l’apelent. (Vers 3297, 3298.) ═ Enseigne et gunfanun paraissent, d’ailleurs, absolument synonymes.

3° La lance et l’épée sont en réalité les seules armes offensives dont il soit question dans notre poëme. Quand l’Empereur confie à Roland la conduite de l’arrière-garde, il lui donne, comme symbole d’investiture, un arc qu’il a tendu : Dunez mei l’arc que vus tenez el’ poign. (Vers 767.) Dunez li l’arc que vus avez tendut... Li Reis li dunet. (Vers 780, 781.) ═ Lorsque Marsile s’irrite contre les violences de Ganelon, il lui jette un algeir ki d’or fut enpenet. (Vers 439, 442.) Il s’agit évidemment d’une sorte de javelot. ═ Enfin, pour achever