Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
NOTES ET VARIANTES, VERS 994

rendal, il contient quatre reliques précieuses : du vêtement de la Vierge, une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile et des

cheveux de saint Denis. (2343 et ss.) Bref, le pommeau est ou peut devenir un Reliquaire. ═ Le helz, avons nous dit, est la garde de l’épée. Elle est généralement dorée ; d’où l’expression : d’espées enheldées d’or mier. (3866.) Il paraît plus difficile, au premier abord, de comprendre les mots suivants : Entre les helz ad plus de mil manguns. (621.) Mais le texte de Versailles nous en donne une explication acceptable : Entre le heut et le pont qui est en son ; — De l’or d’Espaigne vaut dis mile mangon. (V. 891.) ═ Entre les helz, entre le helz et le punt, se trouve la « poignée ». Elle est généralement très-étroite, très-grêle, comme on pourra s’en convaincre d’après les figures ci-contre, qui donneront d’ailleurs une idée très-suffisante de l’épée de notre Chanson...

La lance et l’espiet. — D’une étude fort attentive de notre texte, il résulte que les deux mots lance et espiet y désignent tantôt le même objet (vers 1033, 3818, etc.), et tantôt deux objets distincts. (Vers 541, 3080.) Mais, neuf fois sur dix, la synonymie est complète, et le mot lance, qui est d’ailleurs bien plus rare dans notre poëme que le mot espiet, a presque partout exactement le même sens. ═ La lance se compose de deux parties : le bois, qui s’appelle la hanste et le fer, dont l’extrémité s’appelle amure. ═ La hanste est en bois de frêne : Entre ses poinz tenait sa hanste fraisnine (vers 720), ou en pommier : Ardant cez hanstes de fraisne e de pumer. (Vers 2537. Cf. la Chronique de Turpin, cap. ix.) Est-ce pour l’assonance ? — La hanste se tenait droite quand on ne se battait pas ; d’où l’expression si fréquente : Dreites cez hanstes. (Vers 1143 et passim.) Mais, dans le combat, on la boutait pour renverser ses adversaires : d’où le mot plus fréquent encore : pleine sa hanste de l’ cheval l’abat mort. (Vers 1204, 1229, etc.) On la tenait au poing droit : En lur puinz destres unt lur trenchanz espiez. (Vers 3868.) On la faisait rouler dans la paume de sa main : Sun espiet vait li ber palmeaint. (Vers 1155.) ═ Nous n’avons aucun ren-