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NOTES ET VARIANTES, VERS 978-994

Vers 978.Muls. O. Pour le cas sujet, il faut mul.

Vers 979.Dun. O. Partout ailleurs, on lit dunt, qui, venant de deunde, est plus étymologique. ═ Ce vers n’est pas assonancé comme il convient. Nous proposons, d’après M. Müller, de le remplacer par le suivant : Icele tere ù vit, Deus l’ad maleite.

Vers 980.Soleill. O. Pour le sujet, il faut soleilz. Je laisse blet, qui peut venir d’un neutre, bladum. ═ Au v. suivant, lire plutôt chiet.

Vers 983.Alquanz. O. Il faut, au cas sujet, alquant. ═ Lisez diable, également à cause du sujet pluriel.

Vers 986.Trois. O. V. la note du vers 914. ═ Li. O. Il faut le pour le cas régime.

Vers 989. — Lire plutôt iert. ═ Deserte n’est pas justifié par l’assonance. Nous proposons : chaeite.

Vers 990.Per n’est pas dans le manuscrit. ═ Saleient. Lire s’aleient, qui est justifié par l’accent tonique, et traduire par s’assemblent. Le manuscrit porte salient, que Mi. reproduit servilement.

Vers 993.Sapide. Dans le manuscrit, les quatre dernières lettres ont été ajoutées postérieurement. — Sapeie est une excellente correction de Mu.

Vers 994.Des osbercs. O. Faute évidente, et qui rompt la mesure. ═ Une étude spéciale sur les armures décrites dans la Chanson de Roland peut offrir un double intérêt. Elle mettra le lecteur à même de saisir plus aisément mille passages de notre poëme, où il est question de helmes, d’osbercs, d’espiez, de gunfanuns, etc. Sans doute, nous avons essayé de rendre notre traduction claire et limpide pour tout le monde, pour les femmes mêmes et pour les enfants. Mais ils comprendront encore mieux la vieille Chanson, quand nous en aurons expliqué tous les termes difficiles. Une seconde utilité de ce travail frappera davantage les savants : la description de ces armures se rapporte évidemment au temps où fut écrit le poëme, et par conséquent peut servir à fixer cette époque d’une manière plus ou moins précise. — Commençons par décrire l’armure offensive.

1° La pièce principale est l’épée. L’épée est l’arme noble, l’arme chevaleresque par excellence. On est fait chevalier per spatam (comme aussi per balteum, par le baudrier, et per alapam, par le soufflet ou le coup de paume donné au moment de l’adoubement). Mais c’est l’épée qui demeure le signe distinctif du chevalier. ═ L’épée est, en quelque manière, une personne, un individu. On lui donne un nom : Joyeuse est celle de Charlemagne (vers 2989) ; Almace, celle de Turpin (2089) ; Durendal, de Roland (988) ; Halteclere, d’Olivier (1363) ; Précieuse, de l’Émir (3146), etc. ═ Chaque héros garde, en général, la même épée toute sa vie, et l’on peut se rappeler ici la très-longue énumération de toutes les victoires que Roland a gagnées avec la